Collectionneurs inspirés

Importante vente d’art africain et océanien

Par LeJournaldesArts.fr · Le Journal des Arts

Le 24 avril 1998 - 463 mots

François de Ricqlès dispersera le 7 juin, à Drouot Montaigne, un ensemble d’art primitif rassemblé par deux collectionneurs français et qui est aujourd’hui estimé à environ 8 millions de francs. La vente comprend d’importantes pièces d’art africain et océanien.

PARIS - Éclectique, tel est l’adjectif qui pourrait le mieux qualifier la collection d’art africain et océanien constituée par ce couple de Français qui a décidé  de disperser le fruit de quarante années de visites de galeries spécialisées, telle la Galerie Argile. Il ne  s’agit pour eux ni d’un reniement, ni d’un renoncement, mais la preuve d’une liberté intérieure. “Nous souhaitons décider nous-mêmes, selon nos goûts et notre volonté, du devenir de ces objets auxquels nous avons consacré beaucoup de notre intérêt et de notre vie. Et qui sait, recommencer.” Comme en témoignent les pièces rassemblées par ce couple, l’art africain suscite de plus en plus l’engouement des collectionneurs, qu’ils soient industriels, membres de professions libérales ou artistes. Les objets exceptionnels en provenance d’Afrique se faisant très rares, ils attendent chaque dispersion de collection avec un vif intérêt. Il leur faudra encore s’armer de patience jusqu’au 7 juin, date de  la vacation organisée à Drouot Montaigne par François de Ricqlès, assisté de l’expert Alain de Monbrison. Un rendez-vous qui confirme Paris dans son rôle de plaque tournante du marché mondial de l’art africain, bien représenté dans cette vente. Signalons notamment ce masque Punu du Gabon du XIXe siècle (300 à 500 000 francs) et ces deux statues Dogon originaires du Mali. La première, de type Tomo-ka (500 à 600 000 francs), est reproduite  dans l’ouvrage d’Hélène Leloup, Statuaire Dogon. La seconde (300 à 350 000 francs), originaire de la région de Bourbou-Toro, date probablement du XVIIIe siècle. À noter encore une statuette Sénoufo provenant des confins du Mali et de la Côte-d’Ivoire, à la superbe patine noire (150 à 200 000 francs), un masque en bois Kota très rare, et deux sculptures Bakongo du Zaïre : une maternité (300 à 350 000 francs) – le corps de la mère est transpercé de clous de tapisserie – et la Canne royale, surmontée d’une femme agenouillée, datant du XIXe siècle.

L’art océanien, longtemps méconnu en France, prendra le relais avec près de vingt pièces originaires de Nouvelle-Irlande et Nouvelle-Guinée.  Parmi celles-ci, trois masques Malagan datant du dernier quart du XIXe siècle, liés au culte des ancêtres et aux rites des sociétés secrètes. Le premier, au visage carré pourvu de grandes oreilles, est estimé 200 à 300 000 francs, le second, figurant un personnage debout, 80 à 100 000 francs. Remarquons enfin une sculpture d’ancêtre à corps humain et tête d’oiseau provenant de Nouvelle-Guinée , qui comprend une iconographie rarissime (250 à 300 000 francs). L’estimation globale attendue de cette vente est d’environ huit millions de francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°59 du 24 avril 1998, avec le titre suivant : Collectionneurs inspirés

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