Collectionner en terres hellènes

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 10 juin 2009 - 515 mots

Le développement de la collectionnite en Grèce pâtit de l’absence de références institutionnelles.

ATHÈNES - Hormis quelques poids lourds comme Dakis Joannou – capable de passer des commandes pharaoniques à Jeff Koons ou Urs Fischer –, Constantin Papageorgiou, Dimitris Papadimitriou, Dimitris Gigourtakis ou Sandra Marinopoulos, la Grèce compte peu de collectionneurs d’envergure internationale. Les acheteurs d’art grec sont pourtant légion. L’armateur Nikos Vernicos ne s’intéresse qu’à ce qui, de près ou de loin, a trait à l’hellénisme. Ainsi possède-t-il un portrait d’Alexandre le Grand par Warhol ou une Victoire de Samothrace bleue d’Yves Klein. Chez lui, le meilleur, comme un grand Jannis Kounelis historique, côtoie des artistes locaux de peu de substance.
Mais, au diapason d’une nouvelle génération de créateurs plus intégrés dans les réseaux étrangers, de nouveaux amateurs creusent lentement leurs sillons. L’avocat Dimitris Passas s’est engagé depuis sept ans sur une voie conceptuelle, achetant notamment des œuvres de Saâdane Afif, Seth Price ou Claire Fontaine. Son confrère l’avocat fiscaliste Yerassimos Yannopoulos collectionne, lui, depuis plus de vingt ans, principalement de la photographie. La dominante grecque de son ensemble est plus liée au hasard qu’à un choix délibéré. Il détient aussi des photographies de Nan Goldin, Erwin Wurm, Vik Muñiz ou Roman Signer, s’attachant aux pièces atypiques de ces artistes. Le jeune collectionneur analyse parfaitement les défaillances du système grec. « Une enquête récente sur les pratiques culturelles des Grecs montrait que les arts visuels venaient en tout dernier, indique-t-il. L’éducation et les lieux de diffusion artistique manquent cruellement. Il n’y a pas non plus de collections d’entreprise. Dans les années 1960, une génération de collectionneurs est apparue dans le sillage de l’ouverture de quelques galeries. Mais pour ma génération, cela ne fait pas partie des habitudes. »
Par ailleurs, la Grèce ne dispose pas de collection institutionnelle pouvant servir de paradigme. L’installation du Musée national d’art contemporain dans l’ancienne brasserie Fix a sans cesse été reportée à la suite de procès intentés par des promoteurs. Dimitris Passas juge cette ouverture à ce point nécessaire qu’il envisagerait à terme de donner ou de mettre en dépôt sa collection dans la future institution. « La Grèce a besoin de générosité, conclut Yerassimos Yannopoulos. Le budget actuel du musée national est de 1,2 million d’euros. En revanche, celui de la participation grecque à l’Eurovision était d’environ 4 millions d’euros ! » Cherchez l’erreur…

Art Athina, une foire provinciale

« Il est difficile d’imaginer pire ! » Tel est le cri du cœur d’un collectionneur turinois au sortir de la foire internationale d’art contemporain Art Athina organisée à Athènes du 21 au 24 mai. Alors que le salon avait attiré par le passé des galeries étrangères comme les Parisiens Georges-Philippe et Nathalie Vallois ou Praz-Delavallade, il s’est depuis embourbé dans la médiocrité. Au point que les meilleures enseignes de la ville comme Renos Xippas ou Jean Bernier refusent d’y participer. Dans le pêle-mêle ambiant dominé par une production locale sans intérêt, seuls se détachaient cette année les stands des Athéniens Eleni Koroneou et The Breeders, de Catherine Bastide (Bruxelles) associée à Thomas Dane (Londres) et d’Hubert Winter (Vienne).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°305 du 12 juin 2009, avec le titre suivant : Collectionner en terres hellènes

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