Christie’s se diversifie

L’auctioneer crée un département de ventes privées

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 19 mars 1999 - 637 mots

Christie’s a nommé début mars Dominique Lévy, une jeune Suissesse spécialiste d’art contemporain, à la tête d’un département créé pour développer les ventes privées d’art du XXe siècle. L’auctioneer s’était positionné sur ce marché dès le début des années quatre-vingt-dix en procédant à des acquisitions de galeries à Londres et New York.

NEW YORK - Nommée responsable du nouveau département de ventes privées créé par Christie’s, Dominique Lévy, 31 ans, forte d’une dizaine d’années d’expérience dans le marché de l’art, est revenue à ses premières amours. Elle avait, dès l’âge de 17 ans, débuté sa carrière chez l’auctioneer. “J’ai ensuite travaillé pendant quelques années pour Sotheby’s à Genève, puis pour Daniel Malingue, explique-t-elle. J’ai monté ma propre affaire il y a quelques années. Elle comporte deux activités : le commissariat d’expositions et le conseil auprès d’une clientèle  européenne et américaine pour l’achat et la vente de œuvres d’art”. Elle collaborait en outre depuis 1998 avec la Galerie Anthony d’Offay, à Londres, pour laquelle elle supervisait les relations entre grands collectionneurs et artistes américains.

Le nouveau département est installé à New York dans la 59e rue, à l’extérieur des locaux habituels de Christie’s, de façon à ce qu’il n’entre pas en compétition avec le métier de base que constitue la vente aux enchères. “Nous avons cherché à répondre à une demande de nos clients qui s’adressaient de plus en plus souvent aux experts de Christie’s afin d’acheter ou vendre des œuvres. Je suis pour l’instant la seule et unique représentante de cette structure qui part de zéro. J’en suis actuellement à prévoir les en-têtes de mon papier à lettre. Je souhaiterais que nous restions petits, discrets, au service de nos clients. En fonction de l’évolution que connaîtra le département, nous pourrons être amenés à embaucher quelqu’un en Asie et en Europe. Pour débuter, nous nous concentrerons sur le marché des objets d’art du XXe siècle pour lesquels nous sommes le plus sollicités”.

Le département de ventes privées de Christie’s se distinguera du métier de galeriste en ne représentant pas d’artistes vivants. La maison pourrait en outre proposer des services financiers à ses clients en participant, par exemple, à l’acquisition d’œuvres importantes.

Une initiative qui n’a rien de très original
Christie’s n’en est pas à sa première incursion dans le secteur des ventes privées. En 1997, l’auctioneer a ouvert, dans cette même 59e rue, une galerie spécialisée dans de discrètes ventes d’œuvres d’art contemporain. En 1996, elle a procédé à l’acquisition à Londres de la galerie Leger, qui vend des œuvres d’art britannique. Quelques années auparavant, en 1993, la société avait acheté Spinks, galerie londonienne spécialisée dans l’art oriental et la numismatique. Sotheby’s a elle aussi fait preuve d’un bel appétit en matière de ventes privées, en achetant en 1996 la galerie new-yorkaise André Emmerich, avant de recruter Jeffrey Deitch pour le placer à la tête de cette nouvelle structure.

La profession de marchand ne risque-t-elle pas d’être affaiblie par la puissance commerciale de maisons qui, en 1998, ont réalisé de 11 à 12 milliards de francs de chiffre d’affaires et disposent d’extraordinaires fichiers de clients ? “Jamais le métier de marchand ou de galeriste ne sera mis en péril, rétorque Dominique Lévy. Ils constituent les meilleurs ambassadeurs dans le monde de l’art, des relais indispensables, car ce sont eux qui éveillent et éduquent le goût de la clientèle.”

Sotheby’s et Christie’s au coude à coude

Christie’s, qui a réalisé 1,96 milliard de dollars de ventes (11,8 milliards de francs) en 1998, enregistre un résultat en baisse de 3 % par rapport à l’année précédente, marquée par la dispersion de la collection Ganz qui, à elle seule, avait rapporté 207 millions de dollars. Sotheby’s progresse par rapport à 1997, avec un résultat de 1,9 milliard de dollars et un revenu net s’élevant à 54,3 millions de dollars (325 millions de francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°79 du 19 mars 1999, avec le titre suivant : Christie’s se diversifie

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