Christie’s refait l’histoire

Réorganisation interne ou sectorisation du marché ?

Le Journal des Arts

Le 26 septembre 1997 - 457 mots

L’année prochaine, Christie’s réorganisera ses départements de peinture des deux derniers siècles. Le département du XIXe se terminera désormais avec Cézanne, celui du XXe englobera les œuvres réalisées jusqu’aux années soixante, et le département d’Art contemporain celles crées à partir de 1970. Mais au-delà d’une séparation entre Impressionnisme et Art moderne, et de l’émergence d’un nouveau département au sein de la maison de vente britannique, cette réorganisation pourrait bien annoncer une future répartition du marché entre Paris, Londres et New York.

PARIS. Constatant que “dans un peu plus de deux ans, le XXe siècle appartiendra à l’histoire”, Christie’s a décidé de réorganiser, dès 1998, ses départements de peinture des XIXe et XXe siècles. L’ensemble Impres­sionnisme et Art moderne, auquel étaient habitués les collectionneurs, disparaît, et les mouvements artistiques qu’il regroupait réintègrent les limites séculaires : Impressionnisme, Pointillisme et Nabis restent au XIXe siècle, Fauvisme et Cubisme passent au XXe. En instaurant Cézanne, d’une part, et l’année 1970, d’autre part, comme frontières, la maison de vente britannique donne naissance à trois nouveaux départements : le XIXe, le XXe et l’Art contemporain. Le premier sera dirigé à Londres par Jussi Pylkkänen, et à New York par Franck Giraud, qui aura également en charge l’art du XXe siècle, dont s’occupera Brett Gorvy, à Londres. Quant au département d’Art contemporain, il aura à sa tête Graham Southern à Londres, et Neal Meltzer à New York.

Vers une sectorisation du marché
Selon Hugues Joffre, président du directoire de Christie’s France, “cette réorganisation se veut une réaction à l’évolution du marché, car le département Impres­sionnisme et Moderne, créé dans les années cinquante, ne répond plus aux exigences de nos acheteurs : un collectionneur de tableaux impressionnistes est en effet plus attiré par des œuvres du XIXe siècle que par un Picasso”. L’entrée en vigueur de cette restructuration, en 1998, correspondant théoriquement à l’ouverture du marché français aux sociétés étrangères, n’anticiperait-elle pas une sectorisation du marché et l’organisation des premières adjudications françaises de Christie’s ? Pour Hugues Joffre, "une telle conclusion relève plus du domaine de l’imagination", d’autant, ajoute t-il, que “les ventes parisiennes seront plus orientées vers les objets d’art décoratif et certaines niches, tels les livres ou l’Art nouveau et l’Art déco, que vers la peinture”. Quant à une éventuelle répartition des ventes publiques de tableaux et dessins entre la capitale britannique et New York, Hugues Joffre précise qu’elle sera avant tout pragmatique. Ainsi, il n’est pas question de transférer à New York les adjudications d’art moderne et contemporain, “car elles constituent une part importante du chiffre d’affaires londonien.” À moins que la généralisation du droit de suite freinant la mise aux enchères d’œuvres contemporaines en Europe, ces dernières ne le soient à New York, avec les impressionnistes, "responsables des bons résultats américains".

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°44 du 26 septembre 1997, avec le titre suivant : Christie’s refait l’histoire

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque