Christie’s gagne en ex-RDA

La dispersion de la collection Reuss est un succès

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 19 juin 1998 - 405 mots

Christie’s a enregistré de bons résultats, à l’occasion de sa première vente en ex-Allemagne de l’Est, à Gera. Les œuvres d’art des princes Reuss, expropriées en 1945, ont réalisé un produit total de 5 millions de deutschemarks, qui seront reversés à des institutions culturelles du Land de Thuringe.

GERA - Grâce à une forte compétition entre collectionneurs internationaux, la première vente réalisée par Christie’s en ex-RDA a dépassé toutes les prévisions, enregistrant un produit total de 5 millions de deutschemarks (16,5 millions de francs) au lieu des 3 millions attendus. Les collections des princes Reuss dispersées par Christie’s comprenaient des œuvres expropriées par le régime communiste en 1945, qui ont été récemment restituées à la suite d’une loi votée en 1994. Bon nombre de ces pièces ont été confiées à des musées locaux, et les autres rendues à la famille qui en dispersait une partie. Les 26 et 27 mai, la vacation de Christie’s comportait 700 lots, parmi lesquels de nombreux objets d’art – mobilier allemand, porcelaines, sculptures et tableaux – qui avaient été remisés dans des entrepôts pendant une cinquantaine d’années, à la suite de leur expropriation.

Parmi les points forts de la vente, des meubles attribués à l’ébéniste David Rœntgen (1743-1807), qui fut l’hôte du prince Heinrich Reuss à Ebersdorf, la résidence d’été de la famille entre 1796 et 1797 : une table de travail ornée de bronzes dorés a fait trois fois son estimation à 672 920 deutschemarks (2,2 millions de francs). Également de belles porcelaines, provenant des plus célèbres fabriques allemandes, Frankenthal et Ludwigsburg notamment : une cafetière en grès ornée de décors émaillés en relief, l’une des pièces les plus accomplies de la fabrique de Meissen, est partie à 492 000 deutschemarks (1,7 million de francs). Dans l’importante collection de verres gravés allemands mise en vente figurait un très rare gobelet de Dominik Biemann (1800-1857), célèbre graveur qui a travaillé dans le nord de la Bohème. Exécuté en 1830, orné d’un portrait d’Hein­rich Reuss LXXII et des armes de la famille, il a été adjugé 336 000 deutschemarks (1,1 million de francs).

Parmi les peintures anciennes et les portraits du XIXe siècle, une nature morte de Paolo Porpora, Narcisses, jonquilles, clématites et tulipes, a été enlevée à 126 000 deutschemarks (1,2 million de francs).
Les sommes recueillies seront réinvesties dans l’est du Land de Thuringe au profit de musées et d’institutions culturelles, pour leur permettre d’entretenir et d’enrichir leurs collections.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°63 du 19 juin 1998, avec le titre suivant : Christie’s gagne en ex-RDA

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