Christian Deydier - "Au SNA, tout est transparent"

Trois questions à Christian Deydier, président du Syndicat national des antiquaires

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 21 mars 2003 - 764 mots

Le SNA (Syndicat national des antiquaires) gère en direct la Biennale des antiquaires. Pourquoi avoir confié à France Conventions la logistique du Salon du collectionneur ?
Quatre personnes seulement travaillent à plein temps au syndicat. La Biennale est un dossier très lourd à gérer, et nous ne pouvions pas avec notre équipe assurer en direct la gestion du deuxième salon. De plus, nous voulions avoir une approche différente en confiant à une société organisatrice de salons la réalisation de cette nouvelle manifestation. Il convient de rappeler que le rôle essentiel du SNA est la défense des intérêts de la profession par des interventions tant auprès du gouvernement que de Bruxelles. Nous travaillons actuellement sur la sécurisation du marché de l’art (avec notamment un projet de mise en place d’une banque de données). Nous persistons dans notre action concernant Unidroit, nous essayons d’obtenir un taux zéro pour la TVA à l’importation... Ainsi, nous avons réussi à ce qu’une mission de l’Assemblée nationale aille à Londres pour rencontrer des représentants du gouvernement et du Parlement anglais, ainsi que des professionnels anglo-saxons du marché de l’art. À la suite de cette visite, le député Pierre Lellouche a publié un rapport. Le syndicat est à l’origine de cette initiative qui devrait donner lieu à une intervention de la France auprès de Bruxelles pour revendiquer une TVA à l’importation au taux zéro. Les Anglais vont soutenir les Français, et nous sommes aussi en discussion avec les Allemands. Ceci est la véritable mission du syndicat et elle prend beaucoup de temps.
Le SNA ne veut pas devenir organisateur de salons. Ce n’est pas son rôle. Nous avons voulu créer le Salon du collectionneur pour permettre, en priorité, aux adhérents qui ne participent pas à la Biennale de bénéficier du soutien du SNA. Les sociétés organisatrices le font uniquement dans un but lucratif. Au syndicat, nous sommes tous bénévoles, c’est la différence.

La Biennale sert en partie à financer les activités du syndicat. Le Salon du collectionneur va-t-il aussi dégager des bénéfices ?
L’objectif, c’est l’équilibre. Si nous faisons un petit bénéfice, cela permettra d’entamer d’autres actions, parce que les problèmes sont de plus en plus spécifiques. Auparavant, nous avions un seul avocat pour toutes les questions juridiques et fiscales. Aujourd’hui, il nous faut avoir recours à un avocat fiscaliste, et, sur certains points, comme pour le droit de suite, la maison des artistes, Unidroit, etc., à des conseils spécialisés.
Certains laissent entendre que le marché de l’art est la deuxième source de criminalité organisée, au même titre que la drogue. Le syndicat a décidé de réagir à ces attaques inexactes : ce n’est pas parce qu’il y a des brebis galeuses que les antiquaires sont des voleurs. Nous allons montrer la compétence et l’honnêteté de la profession. Ces batailles coûtent cher et notre ressource, c’est la Biennale, et peut-être, le Salon du collectionneur. Chaque fois, cet argent va financer les activités du syndicat. Dans le cas d’une société commerciale, l’argent va dans la poche du propriétaire de la société. Et les sommes peuvent être considérables. Au niveau du syndicat, tout est transparent.

La SOC (Société d’organisations culturelles) a annoncé la création d’un nouveau salon en septembre, le même mois que le Salon du collectionneur. Patrick Perrin a approché le syndicat pour étudier un rapprochement entre ces deux salons. Quelle est la position du SNA ?
Lorsque nous avons été approchés, j’ai estimé que cela n’était pas à moi de prendre une décision, mais que c’était au conseil d’administration d’étudier la proposition. De toute façon, cette décision devait être prise par l’assemblée générale de nos membres, puisqu’elle aurait remis en question la politique générale du syndicat. La première étape a été d’inviter les responsables de la SOC au conseil d’administration afin qu’ils puissent expliquer leurs propositions. Le conseil d’administration a décidé de nommer une commission plus restreinte pour étudier les possibilités d’une telle approche. Lors de la première réunion technique, le conseil de la SOC a dit très clairement qu’il y avait un problème juridique – ce qui a été confirmé par l’avocat du SNA –, et qu’une société commerciale ne pouvait pas s’associer à un syndicat professionnel. Le débat était ainsi clos dès le départ. Ensuite, la SOC nous a proposé d’autres options, notamment d’être prestataire pour l’organisation des salons du SNA. Nous ne pouvions envisager de favoriser des adhérents de notre syndicat ; cela aurait été illégal. En réalité, la bataille ne concerne pas seulement le Salon du collectionneur, mais également la Biennale. Comme, de toute façon, les propositions de la SOC n’étaient juridiquement pas possibles, nous en sommes restés là.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°167 du 21 mars 2003, avec le titre suivant : Christian Deydier - "Au SNA, tout est transparent"

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