Cheverny, cru 1999

Onzième édition des ventes de Me Rouillac

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 28 mai 1999 - 671 mots

Pour cette édition 1999 des ventes de Cheverny, le 6 juin, Philippe Rouillac a réuni un important ensemble de meubles, tableaux et objets d’art provenant de châteaux et grandes demeures privées. Tous disposent d’un certificat de libre circulation. Y sera proposée une belle huile de Monet, Étretat, la falaise d’Aval au coucher de soleil.

CHEVERNY. La star de la vente garden-party au château de Cheverny, le 6 juin, sera sans conteste, Étretat, la falaise d’Aval au coucher de soleil, une huile baignée d’une lumière bleue et rose exécutée par Claude Monet en 1883 (2 millions de francs). L’œuvre est à rapprocher du Coucher de soleil conservé au Musée des beaux-arts de Nancy et de Sortie de bateaux de pêche à Étretat, au Musée Pouchkine à Moscou. Claude Monet a peint deux séries à Étretat, l’une en 1883, l’autre en 1886, où la plage apparaît sur la partie gauche de la toile. Cette vue depuis la terrasse au pied de la falaise d’Amont, alors que le peintre séjourne à l’hôtel Blanquet, dit “Au rendez-vous de artistes”, en 1883, escamote la plage pour se concentrer sur la mer et l’impressionnante falaise s’avançant dans l’océan. Figure cornue, un pastel mystique d’Odilon Redon, présente des tonalités nettement plus sombres avec une prédominance du marron (300-400 000 francs). Donné par l’artiste à la famille Denesvres, ce fusain et pastel sur papier bistre depuis la fin du XIXe siècle au château de Domecy, près d’Avallon. Il figurera au volume IV du catalogue Wildenstein en préparation. À noter aussi un charmant fusain d’Edgar Degas, Étude d’un jockey vu de profil (300 000 francs), cédé à 4 000 francs lors de la vente Degas en avril 1919. Parmi les tableaux anciens, trois portraits de famille par Hyacinthe Rigaud et Charles-Antoine Coypel, qui ont été conservés dans un château près de Rennes par les descendants des modèles, comme ce Portait de Laurent Mazade, écuyer et fermier général, peint par Rigaud en 1732 (800 000-1 million de francs). Madame Grimod de la Reynière, autre portrait de Rigaud, représente la fille de Laurent Mazade à l’âge de 18 ans, trois ans après son mariage avec le fermier général Gaspard Grimod de la Reynière (300-400 000 francs). Le couple a également été portraituré par Quentin de La Tour et le tableau exposé au Salon de 1751. On reste dans la famille Mazade avec cette huile de Charles-André Coypel montrant une mère et sa fille (800 000-1 million de francs). Représentative des débuts de Coypel, elle a été exécutée vers 1723, à l’époque où l’artiste a repris la charge de Garde des tableaux et dessins de Louis XV et celle de Premier peintre du duc d’Orléans. Peintre d’histoire, Coypel était aussi un admirable portraitiste, ainsi qu’en témoigne cette œuvre, bel exercice sur la modulation du blanc avec quelques notes de bleu et de rouge. Les riches parures de Mme Mazade et de sa fille – bijoux, éventail, guirlandes de fleurs – révèlent le goût des deux femmes pour les objets précieux et suggèrent qu’elles s’apprêtent à partir au spectacle.

Une commode à portes de Saunier
Les meubles et objets d’art proviennent principalement du château de Rilly, en Touraine. Y figure une commode estampillée Claude Charles Saunier (1735-1807), reçu maître le 31 juillet 1752. Ce meuble à portes marquetées de cube de satiné dans des croisillons d’ébène et de citronnier illustre la prédilection de Saunier pour les lignes droites et les volumes rigoureux (200-300 000 francs). Mobilier Louis XVI toujours, avec une suite de huit fauteuils de Georges Jacob en bois mouluré et relaqué gris (200 000 francs). Les pieds fuselés à cannelures rudentées et les consoles d’accotoir en coup de fouet et ceinture sinueuse et bombée trahissent la patte de l’ébéniste. La vente comprend également une salle à manger Art déco, un ensemble de vases de Daum et Gallé, et quelques textiles, parmi lesquels une tapisserie présumée de Bruxelles tirée de l’histoire tragique de Callirhoé et Corésus (150 000 francs), où un berger vient délivrer une jeune vierge sacrifiée pour adoucir le courroux de Diane.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°84 du 28 mai 1999, avec le titre suivant : Cheverny, cru 1999

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