Bruxelles

Brafa majeure

La foire sert de test pour les antiquaires.

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 6 janvier 2009 - 662 mots

Rebaptisée Brussels Antiques & Fine Arts Fair, l’ancienne Foire des antiquaires de Belgique attire toujours un important contingent français sur le site de Tour & Taxis. Dans le climat actuel incertain, les antiquaires prévoient un sursaut des amateurs en faveur des spécialités classiques.

BRUXELLES - Les salons jouent parfois le jeu du trompe-l’œil en changeant de nom. Après celui de Palm Beach renommé plusieurs fois jusqu’à l’adjonction d’un point d’exclamation final, c’est au tour de la Foire des antiquaires de Belgique de se rebaptiser Brussels Antiques & Fine Arts Fair. Or, il faut plus d’une anglicisme pour devenir international. Le contingent français reste bien plus important que le maigre convoi américain, ce, malgré les absences des Parisiens Bernard Dulon, Philippe Perrin ou Barrère. Pour Bernard Dulon, qui ne participera pas davantage au Pavillon des arts et du design (Paris), « le salon est bon, ce n’est pas lui qui est en cause mais le contexte. ». « Tous les frais accessoires sont réduits et le salon de Bruxelles n’est pas stratégique pour nous, rajoute Antoine Barrère. Il n’a pas encore trouvé son public. Les résultats sont très aléatoires depuis qu’il a augmenté en taille. » Malgré un premier essai peu concluant l’an dernier, la galerie Zlotowski (Paris) a, elle, choisi de revenir. « Ce n’est pas un marché facile à pénétrer du premier coup, mais je crois que les belles choses un peu originales continuent à bien se vendre, indique Éric Mouchet, de la galerie Zlotowski. Bruxelles touche aussi un large rayon entre l’Allemagne et les Pays-Bas. »
La Belgique a souffert de la déroute bancaire mondiale en perdant deux de ses fleurons, Fortis et Dexia, sauvés in extremis par des groupes étrangers. À la crise financière se rajoutent l’éternel débat institutionnel belge et selon la Banque Nationale de Belgique (BNB), une croissance négative de 0,2 % en 2009. Or, un Belge sur quatre possédait des actions chez Fortis. Un climat qui pousse à un « comportement précautionneux », comme l’indiquait en décembre le gouverneur de la BNB, Guy Quaden. « Toute la Belgique n’a pas souffert, tous les gens n’ont pas mis leurs œufs dans le même panier, défend le marchand bruxellois Bernard de Leye. Avant on ne parlait que de l’art africain ou de l’art contemporain, la roue va tourner en faveur des spécialités classiques. […] J’ai dit aux exposants de faire moins de décorum. La crise fera que les marchands se donneront plus de mal. » C’est le cas de Patrick Claes (Bruxelles), lequel prévoit une douzaine de sculptures de très haut niveau du Zaïre. « Comme les ténors ne sont pas là, ce sera l’occasion de briller », déclare le jeune homme. Bernard de Leye, lui, a prévu de belles pièces d’orfèvrerie française comme une écritoire du ministre des Finances de Louis XVI par François-Thomas Germain. David Lévy (Paris) fera son entrée avec un Jawlensky de 1919 ou un beau dessin de Niki de Saint Phalle et un Larry Rivers aperçu en mars dernier au Salon du dessin (Paris). « Nous avons en Belgique de très bons clients qui jusqu’en octobre étaient encore acheteurs, nous a-t-il indiqué. Le seront-ils encore ? On verra. On part en tout cas là-bas plus pour faire des contacts que des affaires. » Sophie Scheidecker (New York) fera son baptême bruxellois avec une petite sculpture d’Henry Moore accompagnée de son dessin préparatoire, des dessins d’Ensor, de Magritte et Delvaux. Bien que vigilant sur les prix, les exposants n’entendent donc pas faire petits joueurs. Mais Éric Coatalem (Paris) confie réserver ses plus importantes pièces pour la Tefaf de Maastricht, organisée deux mois plus tard. En temps de crise, on se recentre naturellement sur ses priorités.

BRAFA, 23 janvier-1er février, Tour & Taxis, avenue du Port 86C, Bruxelles, www.brafa.be, tlj 11h-19h, le 29 11h-22h30.

Brafa
Directrice : Grethe Zeberg
Nombre d’exposants : 130
Tarif des stands : 140 euros le m2 frais fixes de 7 000 euros
Nombre de visiteurs en 2008 : 38 000

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°294 du 9 janvier 2009, avec le titre suivant : Brafa majeure

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