Art impressionniste et moderne

Bilan flatteur

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 14 janvier 2015 - 838 mots

L’année, marquée par une forte percée de Londres et par la suprématie de Sotheby’s, a été bénéfique à la modernité et à l’avant-garde.

Largement distancé par l’art contemporain depuis plusieurs années sur le plan mondial, l’art impressionniste et moderne présente  cependant un bilan positif pour 2014. À New York, les grandes ventes sont en progression. Les vacations du soir organisées en mai par Christie’s et Sotheby’s ont ainsi adjugé pour 363 millions d’euros ( 18 % par rapport à 2013) [1], avec pourtant des déconvenues des deux côtés, particulièrement chez Sotheby’s qui avait poussé trop loin les estimations. En novembre, l’américaine a brillé en obtenant 337,5 millions d’euros pour sa vente du soir, son plus fort total jamais atteint, en hausse de 40 % par rapport à 2013. C’est lors de cette vacation que le plus haut prix de 2014 pour la catégorie a été obtenu : le gracile Chariot d’Alberto Giacometti, rarissime bronze de 1950 conservé dans la famille grecque Goulandris depuis près de quarante ans, a ainsi été cédé 81,4 millions d’euros, détrônant le « top lot » de l’art contemporain, ce qui n’était pas arrivé depuis plusieurs années. Christie’s a établi quant à elle un record pour Manet avec le Printemps, vendu 52 millions d’euros. Si l’on ajoute le résultat de Sotheby’s à celui très moyen de Christie’s, le total des deux maisons s’est monté à près de 470 millions d’euros pour cette session d’automne, marquant une légère hausse par rapport à l’année précédente.

Mais c’est la place londonienne qui a offert la plus belle progression avec une session triomphale organisée en février. Christie’s a en effet brillé lors de la soirée du 4 avec un montant global de 212,7 millions d’euros, un record pour la capitale britannique. C’est un tableau de Juan Gris, Nature morte à la nappe à carreaux, qui a eu la vedette, avec un prix de vente également record porté à 41,8 millions d’euros. Sotheby’s a elle aussi réalisé sa meilleure vente dans le domaine en totalisant plus de 197 millions d’euros. Les deux principaux auctioneers ont ainsi cumulé quelque 410 millions d’euros pour leurs ventes du soir, soit une hausse de près de 20 % par rapport à 2013. Des niveaux de participation record et une internationalisation des acheteurs jamais atteinte ont également été observés. La progression est par ailleurs tangible pour la session de juin dont le total de près de 260 millions d’euros a augmenté de plus de 15 %.

La course aux chefs-d’œuvre, qui se raréfient, particulièrement sur le segment impressionniste, revêt une importance capitale, de même que l’étendue des propositions commerciales offertes à des vendeurs de plus en plus volatils. « Ce succès pour l’art impressionniste et moderne est dû en grande partie à la présence de “masterpieces”, ce qui est lié aux décisions de familles ou de clients que les maisons de ventes se doivent de convaincre », indique Tudor Davies, responsable du département art impressionniste et moderne de Christie’s en France. Chefs-d’œuvre mis à part, le marché a montré son éclectisme. « Nous pensions que l’attrait de l’impressionnisme allait être très fort pour les acheteurs des pays émergents, mais finalement, la gamme de périodes et d’artistes achetés a été très large. Tous les acteurs majeurs des avant-gardes fonctionnent », poursuit le spécialiste.

La France se maintient
En France, le secteur impressionniste et moderne reste en tête alors qu’il est relégué derrière l’art contemporain sur le plan mondial. Le plus haut prix toutes catégories confondues pour l’année est obtenu dans ce domaine. Le Portrait de Paul Alexandre de Modigliani, représentant celui qui fut son premier soutien en France, a ainsi obtenu 13,5 millions d’euros en juin chez Sotheby’s, laissant loin derrière la Danseuse de Gino Severini, cédée 2,5 millions d’euros par Christie’s, ou l’Aurore de Camille Claudel, vendue au même prix par Cornette de Saint Cyr.

Sotheby’s conserve là encore son leadership, avec un chiffre d’affaires de 39,5 millions d’euros, malgré une baisse de 16 %. Si ses ventes de juin ont surpassé celles de l’année précédente ( 17 %), celles de décembre se sont révélées désastreuses par rapport à l’euphorie de 2013 (– 75 % !).
Chez Christie’s, le département est en progression (27,6 millions d’euros, 16 %), et l’année est marquée par un changement de calendrier avec des dates de ventes désormais alignées sur celles des grandes foires parisiennes : le Salon du dessin en mars et la Fiac (Foire internationale d’art contemporain) en octobre. Mais la maison manque de chefs-d’œuvre, alors même que ses exportations vers Londres, New York voire Hongkong sont très fortes. Artcurial a quant à elle choisi de camoufler des résultats peu flatteurs en mixant la catégorie avec l’art contemporain.

Grâce à son lien historique avec la modernité et l’avant-garde la place parisienne conserve une forte attractivité auprès des acheteurs étrangers (près de 80 % de collectionneurs anglo-saxons, avec une arrivée notable des Asiatiques), mais doit attirer des œuvres locomotives pour ses ventes.

Note

(1) Tous les résultats sont indiqués frais compris tandis que les estimations sont indiquées hors frais acheteur.

Bilan - Les ventes publiques en 2014

  • Nouvelle poussée des ventes publiques ></a></li>
    <li>Une année de contrastes <a href=></a></li>
    <li>Un marché toujours solide <a href=></a></li>
    <li>Paris à la traîne en 2014 <a href=></a></li>
    <li>Toujours plus haut <a href=></a></li>
</ul>
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°427 du 16 janvier 2015, avec le titre suivant : Bilan flatteur

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