Art contemporain

Bernard Frize, maintenant ou jamais

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 19 juin 2019 - 519 mots

La galerie Perrotin célèbre 25 ans de collaboration avec l’artiste en présentant ses tout derniers travaux.

Paris. En entrant dans la galerie Perrotin on pourrait croire que la grande salle qui s’ouvre sur la gauche est vide, car le mur du fond, là où d’habitude sont placées des œuvres qui retiennent l’attention, est resté vierge. Il faut s’engager à l’intérieur pour se trouver face aux trois tableaux placés en retrait comme pour se dérober au regard. « Cette exposition est construite selon un accrochage inattendu, auquel Bernard Frize a bien évidemment pris part. C’est un accrochage qui ménage beaucoup de blancs, de respirations », explique le galeriste. Et quelques effets de surprises, donc, traduisant aussi la longue complicité entre l’artiste et le marchand, qui se pratiquent depuis vingt-cinq ans. « J’ai fait la connaissance d’Emmanuel en 1988 lors de mon exposition à la galerie Charles Cartwright (Paris), où il était en stage. Il devait avoir 18 ans à peine, se souvient Bernard Frize. Ensuite je l’ai revu à plusieurs reprises, quand il a ouvert son espace rue Louise Weiss. Moi je n’avais pas de galerie parisienne depuis dix ans. Lui ne montrait pas de peinture. »

L’histoire aurait pu en rester là. Mais, « Bernard Frize a été le premier artiste reconnu à accepter de travailler avec moi, poursuit Emmanuel Perrotin. Sa présence à la galerie a fait office de déclencheur – par exemple, c’est sans doute une des raisons qui a incité Sophie Calle à venir ». Entre-temps, la galerie a grandi, elle compte désormais parmi les grandes enseignes présentes dans plusieurs villes du monde. Aujourd’hui, alors que le Centre Pompidou consacre une rétrospective à la carrière de Bernard Frize où un seul grand tableau, Ledz, en prologue, date de 2018, elle peut pour sa part se permettre de montrer la production la plus actuelle du peintre. D’abord à Paris puis, à la rentrée, à New York. « C’est un moment de mon travail récent, puisqu’il s’agit pour l’essentiel des deux dernières années », confirme Bernard Frize. Le titre de l’exposition « Now or Never » précise sa pensée : l’artiste aime à dire que seul le futur l’intéresse, « le tableau qui reste à peindre », selon la formule consacrée.

On sait qu’il a depuis plus de vingt ans tourné le dos à la figuration et procède par système. Larges bandes parallèles, obliques, en quinconce, certaines toiles semblent relever de la logique du joueur d’échecs, épuisant toutes les stratégies. D’autres, comme Tin (2018) évoquent des escaliers qui ne mènent nulle part dans une juxtaposition de couleur étirée, indéfinie. Il y a aussi des fonds monochromes éclaboussés de taches Gol, (2019). Bernard Frize exclut le caractère énigmatique de sa peinture, ce qui revient à lui laisser toute la place. « Je ne crois pas qu’il y ait de mystère caché dans le tableau », affirme-t-il non sans un certain goût du paradoxe.

Les prix oscillent entre 60 000 et 250 000 euros, « hors œuvres spéciales ». « La cote de Bernard Frize a évolué de manière très progressive, d’autant qu’il a toujours su se renouveler. D’ailleurs, très souvent quand il s’agit de ses œuvres, les collectionneurs veulent les toutes nouvelles pièces », constate Emmanuel Perrotin.

Bernard Frize, Now or Never,
jusqu’au 14 août 2019, galerie Perrotin, 76, rue de Turenne 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°526 du 21 juin 2019, avec le titre suivant : Bernard Frize, maintenant ou jamais

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