Arts premiers

Beautés primitives

Les œuvres rares, à l’esthétique moderne, séduisent les amateurs à des prix toujours plus importants

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 9 décembre 2009 - 459 mots

PARIS - Les trois belles ventes d’arts premiers, qui se sont succédé à Paris du 2 au 4 décembre, ont enregistré des résultats conformes aux estimations prévisionnelles, avec des prix forts sur des pièces rares très convoitées.

À Drouot, la maison Enchères Rive Gauche dispersait deux anciennes collections inédites d’arts primitifs, de Léon Fouks et d’Armand Charles, réunies dans les années 1960 et témoignant du goût français d’après-guerre. Estimé 150 000 euros, un exceptionnel reliquaire et son gardien Bumba-Bwiti provenant du centre du Gabon et daté probablement du milieu du XIXe siècle, a atteint la plus haute enchère, soit 331 250 euros, devant un fétiche Nkonde du Congo, représentant un homme debout au corps constellé de clous et de pointes de fer, vendu 225 000 euros, son estimation basse. Le lendemain, chez Sotheby’s, « plusieurs lots ont attiré l’attention des amateurs traditionnels d’arts premiers comme celle des grands collectionneurs d’art moderne et contemporain », souligne Marguerite de Sabran, directrice du département d’Art d’Afrique et d’Océanie. Ainsi, la beauté plastique moderne aux formes pures d’un masque de la société du Kònò, chef-d’œuvre de l’art Bamana estimé 300 000 euros, a été disputée jusqu’à 1,4 million d’euros, soit un record mondial pour un masque de l’Afrique de l’Ouest. Celui-ci avait été présenté au Museum of Modern Art à New York, en 1984, lors de l’exposition « Primitivism in the 20th Century Art-Affinity of the Tribal and the Modern » consacrée à la découverte par les artistes au début du XXe siècle d’un art qui marquera profondément leur création. Pour l’art océanien, le lot le plus convoité faisait partie d’un ensemble de quinze pièces d’art de Nouvelle-Guinée de la collection de Marcia et John Friede : un très ancien masque-crochet Bahinemo incarnant un certain degré d’abstraction, des monts Hunstein à l’est du Sepik, a ainsi presque doublé son estimation haute, sur une enchère finale de 324 750 euros. Enfin, chez Christie’s, on notait deux enchères remarquables pour une rarissime figure d’ancêtre royal masculin Bangwa du Cameroun, datant du XIXe siècle, adjugée 1 million d’euros (son estimation) à un marchand européen, et pour un très beau masque Songye Kifwebe du Congo qui a multiplié par quatre son estimation haute pour atteindre un prix record de 793 000 euros.

ENCHÈRES RIVE GAUCHE
Estimation : 1,7 à 2,4 millions d’euros
Résultats : 2,1 millions d’euros
Nombre de lots vendus/invendus : 70/19
Lots vendus : 78 %

SOTHEBY’S
Estimation : 4 à 6 millions d’euros
Résultats : 5,2 millions d’euros
Nombre de lots vendus/invendus : 68/44
Lots vendus : 61 %
Pourcentage en valeur : 83 %

CHRISTIE’S
Estimation : 2 à 4 millions d’euros
Résultats : 3,2 millions d’euros
Nombre de lots vendus/invendus : 86/52
Lots vendus :62 %
Pourcentage en valeur : 78 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°315 du 11 décembre 2009, avec le titre suivant : Beautés primitives

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque