Beauté de l’art primitif

Ventes d’art africain et océanien à Paris et New York

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 25 septembre 1998 - 526 mots

Une collection d’objets d’art primitif africain constituée par André Blandin, connu pour avoir publié plusieurs ouvrages dans ce domaine, sera dispersée les 15 et 16 octobre par l’étude Piasa. Quelques semaines plus tard, le 22 novembre, Sotheby’s mettra en vente à New York une exceptionnelle sculpture Maori.

PARIS - André Blandin a vécu vingt-sept ans en Afrique, en Côte-d’Ivoire principalement. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages ayant trait à l’art africain, dont Fer noir d’Afrique de l’Ouest et Quatre cents objets de la vie quotidienne, et a rassemblé, entre 1955 et 1982, plusieurs collections d’art primitif. L’une d’elles réunit des bronzes, une autre des sculptures d’art nègre qui seront dispersées, les 15 et 16 octobre, par l’étude Piasa. “C’est une collection constituée d’objets de bon aloi, de pièces authentiques fabriquées par des forgerons-sculpteurs pour être utilisées. Ces sculptures ont pris, au fil du temps, une patine qui est la consécration de leur authenticité, explique l’expert Jean Roudillon. Cette collection rassemble à la fois des objets d’art populaire à caractère ethnographique (sifflets, peignes, tabourets), dont les prix sont modestes, et de véritables œuvres d’art beaucoup plus chères.”

Grâce au talent du forgeron-sculpteur qui les a exécutés, certains objets utilitaires deviennent de véritables œuvres d’art. C’est le cas d’un sifflet surmontant le canon d’un fusil de chasse (8-10 000 francs), ou encore d’une grande poulie double face (80-100 000 francs), avec d’un côté un exceptionnel visage de femme proche de ceux que peignait Modigliani, et de l’autre un masque de type Zamble Gouro. L’embase carré de ce masque, doté d’une belle patine brune, est typiquement Baoulé. Une sculpture de Femme mendiant (80-100 000 francs), au corps très droit sur des jambes fléchies, a le hiératisme de la statuaire humaine Baoulé. Les yeux sont faits de petites particules métalliques incrustées. Pièce Baoulé toujours, avec une statuette d’homme âgé portant une longue barbe à trois tresses, demeurées miraculeusement intactes (120-150 000 francs). “Cette pièce paraît être de même origine que le couple Baoulé de la collection Rockefeller, actuellement au Met, indique l’expert. Les traits du visage sont moins concaves et la coiffure très différente, mais la structure et l’équilibre du corps, le fléchissement des jambes, les mains positionnées sur le ventre et d’autres détails nous font croire à une provenance du même atelier. D’après sa patine granuleuse avec des traces de sacrifices, ce personnage serait un Asie-Usu, sculpté pour être “habité” par un esprit de la brousse à se concilier.”

Une sculpture estimée 6 millions de francs
Lors de sa vente d’art africain et océanien, le 22 novembre à New York, Sotheby’s proposera une pièce exceptionnelle : une sculpture en bois Maori Poutokamanawa du nord de la Nouvelle-Zélande, estimée 1 million de dollars (6 millions de francs). Exécutée autour de 1800 et haute de 130 cm, elle représente un chef Maori, probablement un autoportrait. Son état est exceptionnel – elle a conservé une superbe patine marron – et c’est la plus importante sculpture Maori en mains privées. Elle avait été offerte à l’archevêque William Williams dans la seconde moitié du XIXe siècle, puis ramenée au Royaume-Uni par son petit fils A.H. Williams vers 1890, et était depuis demeurée dans la famille.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°67 du 25 septembre 1998, avec le titre suivant : Beauté de l’art primitif

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