Arts d’Asie : New York éclipse Londres

Le marché de l’art asiatique se recentre sur Big Apple

Le Journal des Arts

Le 19 mars 1999 - 680 mots

Les plus grands marchands d’art asiatique se retrouvent en mars à New York pour l’événement de l’année, l’International Asian Art Fair. Créée en 1996, la foire a rapidement établi sa réputation en exposant les plus belles œuvres disponibles sur le marché, attirant les principaux collectionneurs et conservateurs. Les marchands qui ne participent pas à la foire tirent profit de son rayonnement pour présenter en parallèle de grandes expositions à New York. Et, la même semaine, ont lieu les ventes aux enchères d’art asiatique ainsi que l’Arts of Pacific Asia Fair réunissant 70 marchands qui s’adressent au marché intermédiaire avec une très vase gamme d’objets.

NEW YORK - Le succès de la Foire internationale d’art asiatique et l’inquiétude de voir le marché se déplacer vers New York avaient conduit les marchands londoniens à organiser leur propre Semaine asiatique, en novembre. Malgré un relatif succès, il y manquait l’effervescence propre à la semaine new-yorkaise, qui allie la qualité des grands marchands internationaux à l’enthousiasme et aux moyens financiers du public américain. D’ailleurs, les galeries londoniennes continuent de réserver leurs plus belles pièces pour New York. Selon Giuseppe Eskenazi, “New York est en ce moment le centre de transactions le plus important et le marché local le plus solide. Alors que nous faisions 50 % de notre chiffre d’affaires en Extrême-Orient, aujourd’hui cette partie du monde ne représente plus que 10 % de notre activité”. La foire compte quelque 61 marchands, dont 25 Londoniens, un nombre équivalent d’Américains, quatre exposants venant d’Extrême-Orient et une demi-douzaine d’Européens. Parmi eux, une seule Française, Anne-Marie Kévorkian. “On assiste depuis quelques années à un déplacement des ventes d’archéologie et d’antiquités de Londres vers New York qui prend de plus en plus d’ampleur, explique cette spécialiste d’art oriental qui présentera un ensemble de pièces archéologiques des Proche et Moyen-Orient, des céramiques du XIXe siècle, des céramiques et miniatures ottomanes, ainsi que céramiques islamiques. En revanche, l’Islam est mal représenté à New York, avec très peu de galeries spécialisées.” Christian Deydier a, cette année encore, renoncé à participer. “Je préfère me concentrer sur le développement de la place parisienne avec la seconde édition de l’Automne asiatique, souligne-t-il. J’organise déjà tous les deux ans une exposition à New York dans une galerie. Je n’ai pas une infrastructure suffisante pour tout faire.” Les organisateurs de la foire proposent un mélange équilibré de cultures (Islam, Inde, Asie du Sud-Est, Chine, Corée, Japon), d’époques (de la dynastie des Han à l’époque contemporaine) et de domaines.
La Bruxelloise Gisèle Croës, grande spécialiste de l’art chinois ancien, a dû sacrifier son stand de Maastricht afin de pouvoir participer à la foire new-yorkaise. “Cette année, les dates étaient trop rapprochées pour que je puisse participer aux deux événements. Il a été très difficile de prendre une décision, mais la qualité des visiteurs et des exposants à cette foire sont tellement remarquables que je ne pouvais pas me permettre de la manquer”. Parmi ses pièces les plus spectaculaires, Gisèle Croës expose une table en bronze de l’époque Han (67 x 45 cm) avec ses vases rituels, retrouvée dans une tombe, et un superbe brûle-parfum en forme de canard de la même époque.

De l’époque Ming, Grace Wu Bruce propose du mobilier aux lignes et aux proportions très classiques, dont une paire de fauteuils en huanghuali et une table banzhuo. Johnny Eskenazy présente de la sculpture classique du Ghandhara, avec un Bouddha en schiste gris. Chez Terence McInerney, spécialiste de l’art indien, est exposée une sculpture sensuelle de Shiva dansant, XIIe siècle, provenant du Rajasthan, tandis que Maharukh Desai fait revivre l’esprit de l’Inde moghole avec un chasse-mouche impérial en jade.

Au nombre des exposants d’art japonais, Liza Hyde met à l’honneur un paravent illustré de chiens Foo dans une merveilleuse et audacieuse calligraphie, et Malcom Fairly rend hommage à la technique des orfèvres japonais avec une boîte en argent décorée d’un paysage.

The International Asian Art Fair

25-30 mars, Seventh Regiment Armory, Park Avenue et 67th Rue, New York ; vernissage le 24 mars au profit de l’Asia Society. Informations au 1 212 327 9235 ou 327 9360.

The Arts of Pacific Asia Fair

24-28 mars, 69th Regiment Armory, Lexington Avenue et 26th Rue, New York, informations au 1 301 738 1966, pendant la foire au 1 212 683 2434.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°79 du 19 mars 1999, avec le titre suivant : Arts d’Asie : New York éclipse Londres

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