Art contemporain

Art Jonction : la Côte a meilleure cote

Davantage de visiteurs mais des résultats commerciaux mitigés

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1994 - 553 mots

Lors de sa seconde édition à Cannes, à la suite de son transfert de Nice, le salon Art Jonction a réussi à s’affirmer comme un rendez-vous significatif pour les amateurs d’art contemporain. Sans pour autant conclure des ventes importantes.

CANNES - Après une édition 1993 très difficile, le salon d’art contemporain "Art Jonction", tenu pour la seconde année consécutive au Palais des festivals à Cannes, du 2 au 6 juin, a réussi à faire peau neuve : soixante-six exposants, (contre quarante-six l’année dernière), dont presque la moitié venus de l’étranger, des œuvres fort variées et d’un niveau parfois élevé, des prix accessibles, un choix d’artistes courageux chez certains marchands à qui la récession a visiblement fait découvrir l’audace.

Cependant, les résultats commerciaux ont été moins probants. Même si un tiers des galeries, selon le commissaire-général Christian Depardieu, ont bien vendu, beaucoup d’exposants ont enregistré très peu ou pas du tout de ventes. Certains marchands se sont plaints du peu de publicité et de promotion faite, selon eux, autour du salon. D’autres trouvaient les dates mal choisies, et presque tous regrettaient le faible nombre de visiteurs – 7 650, dont 4 600 invités, contre un total de 4 500 en 1993.

Grande attraction du soir de vernissage, l’artiste turc Bedri Baykam présentait une dizaine de sculptures vivantes, intitulées Livart, tandis que sur le stand voisin, le galeriste parisien Jean-Pierre Lavignes proposait à dix mille dollars pièce, et sans en vendre aucun, huit tableaux de Baykam, inspirés par des miniatures érotiques orientales.

Leo Castelli, de New York, montrait un "one man show" de photographies de Ralph Gibson, à 20 000 francs pièce. Un autre exposant américain, Alan Kass, de la galerie Kass/Meridian de Chicago estime : "Même si le marché n’est plus aussi fort en Europe que par le passé, la tradition d’acheter de l’art subsiste, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis." Kathryn Durant, d’Adelaïde en Australie, pour qui Cannes était son premier salon en Europe, exposait des œuvres du photographe Stephen Richardson.

Nature morte en céramique
Plusieurs galeries du quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris avaient fait le voyage à Cannes pour la première fois. La galerie Pascal Lansberg, qui a présenté, entre autres, une gouache de 1934 de Jean Hélion, un lavis de Stael de 1949, et une aquarelle de Hartung de 1947, n’a rien vendu mais dit avoir établi "pas mal de très beaux contacts". La Galerie Montenay n’a vendu aucun des tableaux sur son stand – deux huiles d’Eva Hesse pour environ 400 000 francs, des tableaux du peintre marseillais Piotr Klemensiewicz et d’Alain Clément à 9 000 francs et à 12 000 francs, des dessins d’Éric Dalbis entre 8 000 et 12 000 francs.

La Galerie di Meo montrait des œuvres de Martial Raysse, Jean-François Briant, Michaux, Fautrier et Giulio Paolini. Son voisin saint-germanopratin, Callu Merite, avait des dessins du graveur bruxellois Petrus de Man, des huiles de Ramon, et une nature morte carreaux de céramique d’une artiste portugaise de vingt-six ans, Monica Machado. La Galerie Apomixie exposait des toiles de Rosalie Ballester, auteur contemporain de compositions d’inspiration cubiste et constructiviste, entre 12 000 et 25 000 francs, ainsi que deux dessins de Dufy à 20 000 et 25 000 francs, sans parler d’innocentes aquarelles d’Henri d’Orléans, comte de Clermont et prince de France, pour seulement 4 000 francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°5 du 1 juillet 1994, avec le titre suivant : Art Jonction : la Côte a meilleure cote

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