Foire & Salon

Art Genève, chic et sage toujours

Par Alexia Lanta Maestrati · Le Journal des Arts

Le 13 février 2020 - 727 mots

La foire genevoise signait sa 9e édition en réunissant les plus grands marchands venus avec une offre qualitative certaine mais peu audacieuse.

Genève. Première foire d’art moderne et contemporain d’importance de l’année, Art Genève, qui a refermé les portes de sa 9e édition le 2 février, réunissait 95 galeries – soit cinq de plus que l’an passé. La manifestation se tient à une saison idéale, l’hiver, puisque les stations de ski environnantes participent de l’attractivité de la région romande. Elle cible majoritairement un public local et fortuné, en témoignent certains prix affichant facilement quelques millions d’euros sur les stands des grands marchands. « Art Genève attire des collectionneurs pointus, avec un niveau de collection élevé. Le rythme est assez lent, ce qui est plus agréable qu’une foule de gens pressée. Ici on discute avec des collectionneurs intéressés », soulignait Antoine Laurent, directeur de la galerie In Situ-Fabienne Leclerc.

Gagosian, Pace, Blain|Southern ou les français Almine Rech, Templon ou Nathalie Obadia étaient pour la plupart venues avec une sélection de pièces de nombreux artistes. De même que Tornabuoni Art (Milan, Paris, Londres…) qui mélangeait, entre autres, des toiles de Victor Vasarely, d’Alberto Burri, de Lucio Fontana et de Christo (40 000 € à 3,6 M€). « Art Genève est montée en puissance. Pour le choix des œuvres nous n’optons pas pour une stratégie particulière, la manifestation est assez uniformisée, comme beaucoup de foires », confiait Nicole Tapparel, la directrice de Tornabuoni à Crans-Montana.

Des propositions homogènes

À l’image de la Suisse, Art Genève est une foire bien organisée, et peut se targuer de proposer une offre sans risque. Ainsi, l’art le plus expérimental est absent des stands, au profit de pièces parfois historiques mais le plus souvent sages et commerciales. Les marchands font écho à leur programmation au même moment en galerie.« C’est l’occasion de proposer des œuvres récentes d’artistes respectés comme Pipilotti Rist ou Jenny Holzer, au côté de pièces historiques comme celles de Philip Guston, reflétant la profondeur de notre programmation », expliquait James Koch, directeur de Hauser & Wirth.

L’îlot central regroupait les plus grandes galeries parmi lesquelles Kamel Mennour (Paris, Londres), venu avec 16 artistes, dont Anish Kapoor, Daniel Buren et Ugo Rondinone. À ses côtés, l’américain Gagosian proposait 18 artistes, allant de Picasso et Helen Frankenthaler à Davide Balula et Sterling Ruby. Et on ne pouvait rater, parmi les 21 artistes montrés chez Perrotin, un personnage haut en couleur de Takashi Murakami ou une grande sculpture de perles de verre de Jean-Michel Othoniel. Art Genève propose une sélection très large de noms très identifiés du marché. Ces choix correspondent à un public exigeant, mais ne méritent pas vraiment le déplacement pour les collectionneurs les plus aguerris qui se rendent sur les grands rendez-vous du marché.

Signalons tout de même une dizaine d’expositions personnelles, et les stands d’institutions privées et publiques qui enrichissent les allées d’une dimension culturelle. La grande nouveauté de cette édition consistait en la section vidéo, proposée par la foire barcelonaise Loop, qui remplaçait PAD Art+ Design, présent depuis deux ans sur le salon. Malheureusement, cette proposition d’art vidéo, très chronophage (au total plus de deux heures étaient nécessaires pour visionner la totalité des œuvres), se trouvait noyée dans la foire.

À Genève, les institutions font la foire

Public-privé. Une des particularités d’Art Genève est d’accueillir, au côté des galeries, des institutions culturelles. L’initiative est unique à cette échelle, puisqu’elles ne sont pas moins d’une trentaine à être conviées, ainsi de la Fondation Gandur pour l’art (Genève), du Centre Pompidou (Paris) ou du Grand Théâtre de Genève. Le Consortium, centre d’art de Dijon, qui participait pour la première fois à une foire, déployait une sélection d’œuvres d’artistes parmi lesquels Farah Atassi ou Steven Parrino. « Cela permet de rappeler que les galeries sont nos interlocuteurs et qu’elles jouent un grand rôle dans la découverte d’un artiste. Par exemple nous travaillons depuis des années avec la Galerie Eva Presenhuber (Zürich) et nous allons prochainement montrer un de ses artistes, Valentin Carron », expliquait Géraldine Minet, chargée des expositions. La plupart des galeries ont apprécié également l’initiative : « Ce choix est intelligent. Il permet de remplir la foire sans diluer les ventes avec un nombre de galeries trop important. Et d’offrir ce côté historique qui manque souvent dans les foires d’art contemporain, hormis à Art Basel ou Tefaf [Maastricht] », commente Anne-Claudie Coric, directrice de la Galerie Templon.

 

Alexia Lanta Maestrati

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°539 du 14 février 2020, avec le titre suivant : Art Genève, chic et sage toujours

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