Après Art Saint-Germain-des-Prés

L'ŒIL

Le 1 juillet 2004 - 457 mots

Comme chaque année, les portes ouvertes d’Art Saint-Germain-des-Prés attiraient un public abondant. « Les gens étaient très heureux, de notre exposition “Chine-Occident, l’aventure du signe”, et sont venus, spontanément, nous le dire », explique Michèle Berthet-Aittouarés. « Cette année, le public était un peu plus réceptif, sensible à la diversité de ce qu’on lui proposait, annonce Gilles Naudin, qui se consacrait à l’artiste belge Bruno Vekemans. Il y avait de nouveaux venus de province. Quant aux collectionneurs européens grâce à des facilités comme Thalys, ils sont nombreux à venir. Toujours peu d’Américains en revanche. Je m’en suis rendu compte au petit nombre de caisses que j’ai fabriquées à destination des États-Unis.
Les Américains achètent en général des travaux de taille importante. » Pour beaucoup, si l’événement ne s’est pas mieux déroulé, il s’est passé, au moins aussi bien que l’année dernière… D’où viennent les humeurs chagrines de quelques galeristes ?   « Art Saint-Germain s’est mal passé, pour nous, cette année, constate Claude Bernard, qui avait consacré une très belle exposition à Gao Xinjian. Beaucoup de promeneurs, de badauds, mais pas d’acheteurs. » « Des galeries n’ont pas encore assimilé qu’il ne s’agissait pas de vendre mais de s’ouvrir à un public nouveau », regrette quant à lui Jean-Yves Mesguich, responsable de la communication de l’événement cette année. On perçoit, de fait un décalage. Alors que de nombreuses galeries jouent le jeu, et s’associent sans sourciller aux attractions, pour d’autres, mieux installées, Art Saint-Germain permet surtout d’organiser en commun des vernissages, pour faciliter le déplacement des collectionneurs. Le thème proposé aux galeristes, l’année de la Chine, n’avait pas non plus fait l’unanimité. « Le fait de présenter un artiste sur le thème de la Chine, de cibler l’exposition, a attiré les visiteurs, observe-t-on pourtant à la galerie Deprez-Bellorget. Si des galeristes ont reçu moins de monde, ce n’est pas la manifestation qui est en cause, mais l’accrochage en cours… » « Pour Art Saint-Germain, il faut des artistes plus accessibles, plus grand public » ajoute Olivier Nouvellet, qui, avec États d’Art et L’Or du temps, exposait des œuvres de Frédéric Benrath.
« Un artiste peut être un peu difficile pour ce genre de manifestation… » Des animations, des lampions… assuraient à l’événement une excellente visibilité. « Cette année, même les petites rues étaient bien irriguées », observe un galeriste. « Les lampions étaient une mauvaise idée. Cela fait restaurant chinois », réplique Claude Bernard. Même élitisme chez les galeries d’art déco, qui, redoutant sans doute « l’odeur de merguez », ne se mêlèrent pas à l’événement… à tort, peut-être. Cette année, comme chaque année, Art Saint-Germain accueillait des expositions de grande qualité, et rien n’interdisait de contempler Malkine, Miró, Gao Xin Jiang ou Benrath… en dégustant un nem.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°560 du 1 juillet 2004, avec le titre suivant : Après Art Saint-Germain-des-Prés

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