Anvers : un parfum XIXe

Ronny Van de Velde montre de remarquables photographies

Le Journal des Arts

Le 7 janvier 2000 - 411 mots

L’ensemble de photographies topographiques rassemblées par Ronny Van de Velde livre un regard objectif sur l’Anvers du XIXe siècle. Croisées avec des dessins et des peintures venus de collections privées ou publiques, ces images, dont aucune n’est à vendre, restaurent le passé d’une ville entre rêve et réalité.

ANVERS (de notre correspondant) - Sur trois étages, des photographies en parfait état de conservation et dont aucune n’est offerte à la vente se succèdent pour recomposer l’image d’Anvers au siècle passé. L’objectivité est de mise et les bâtiments s’enchaînent comme un vaste inventaire post-mortem. À première vue, le sujet pourrait paraître ingrat, tant les vues d’Anvers semblent ne s’adresser qu’aux amoureux de la ville. Le noyau de la collection provient d’un vieil amateur, le professeur Walter Couvreur, décédé en 1996. Racheté en bloc par Ronny Van de Velde, l’ensemble constitue un fantastique témoignage sur l’évolution de la métropole flamande depuis les années 1840 jusqu’à la fin du siècle. Exploités par Herman Van Goethem au fil d’un texte détaillé et passionné, ces documents d’archives soutiennent un panorama historique de la cité qui, au-delà de ces visions topographiques précises, tente de la rendre présente et palpable jusqu’en ses odeurs.

On trouve ainsi aux cimaises de la galerie une succession de vues dont l’objectivité pose néanmoins le problème de la part de l’artiste. S’ils ne figurent pas parmi les phares de la photographie au XIXe siècle, les Fierlants, Piéron, Dubois de Nehaut, Ommeganck et autres Van den Bemden auxquels on doit les œuvres regroupées ici n’ont cependant jamais renoncé à la qualité d’un regard, transformant la vision froide d’une architecture en un acte d’intelligence qui transcende le sujet. Le va-et-vient entre dessin, peinture et photographie tend, en apparence, à donner aux visions graphiques leurs références propres. Mais, peu à peu, l’évidence se brouille et le réalisme apparaît sous un jour problématique. Lorsqu’il a déserté l’espace pour ne laisser s’exprimer que le bâtiment, l’homme place ces vues au seuil du symbolisme. Lorsque le temps suspendu en a fixé la forme, l’architecture se mue en un théâtre chargé de mémoire. Alors qu’elle traque le réel, la photographie semble s’en dégager pour faire du souvenir qu’elle a fixé chimiquement l’indice d’un décalage qui fait l’histoire.

- PHOTOGRAPHIE ET RÉALISME AU XIXe SIÈCLE. ANVERS : PHOTOGRAPHIES ANCIENNES 1847-1880, jusqu’au 27 février, galerie Ronny Van de Velde, 3 Ijzerenpoortkaai, Anvers, tél. 32 3 216 30 47, tlj sauf lundi 10h-18h. Catalogue, en néerlandais et anglais, 420 p., 1 950 FB.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°96 du 7 janvier 2000, avec le titre suivant : Anvers : un parfum XIXe

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