Ann Freedman : Knoedler choisit le moderne

La galerie se consacre à la seconde moitié du XXe siècle

Le Journal des Arts

Le 26 mai 2000 - 688 mots

Knoedler & Company, avec 150 ans d’activité comme marchand attitré des plus grands collectionneurs américains, de Henry Clay Frick à Paul Mellon, se consacre aujourd’hui exclusivement aux artistes de la seconde moitié du XXe siècle. Ann Freedman, directrice de la galerie, explique sa stratégie.

New York (de notre correspondante) - Sept des douze Vermeer appartenant à des collections américaines ont été vendus par l’intermédiaire de Knoedler, et la plupart des grandes œuvres que la galerie a fait entrer aux États-Unis sont aujourd’hui dans des musées. Malgré 3 000 clients réguliers, la galerie n’a plus désormais de succursale ni à Londres ni à Paris, et ne vend plus ni maîtres anciens ni peinture française du XIXe siècle. Elle expose exclusivement les maîtres modernes du milieu du siècle et les artistes vivants.

Sur quels principes Knoedler fonde-t-il son activité ?
Notre activité repose essentiellement sur nos expositions. Je pense que le contact est essentiel dans le commerce de l’art, de même que l’expérience directe avec l’œuvre est primordiale si l’on veut pouvoir l’apprécier. Lors de l’exposition Milton Avery, nous avons vendu deux peintures, quatre œuvres sur papier, et pour plusieurs autres œuvres, des négociations sont en cours avec différents musées. Lors de l’exposition consacrée au collage, qui s’est terminée en février, nous avons vendu trois Motherwell, deux Frankenthaler, trois Judith Rothschild, un Pousette-Dart, un Joseph Cornell, un Schwitters et un von Wiegand. Les deux Frankenthaler faisaient leur première apparition sur le marché. L’un d’eux a été acheté par un collectionneur de Marin et Hopper et, pour lui, cette acquisition marque le début d’une nouvelle orientation. Il y a quelques mois, nous avons vendu également une œuvre majeure provenant de la Fondation Adolph et Esther Gottlieb. Il s’agissait de Burst, une œuvre exécutée en 1960, qui a été cédée pour plus d’un million de dollars. Avec cette vente, nous avons prouvé que les meilleures œuvres de Gottlieb se situaient dans cette gamme de prix, au même titre que celles d’autres artistes modernes comme Kline. L’année dernière, nous nous sommes associés au marchand d’art contemporain Michael Werner et avons monté ensemble quelques expositions, consacrées notamment à Sigmar Polke, Per Kirkeby et Don Van Vliet. Nous étudions la possibilité de poursuivre cette collaboration.

Knoedler a toujours entretenu des relations privilégiées avec les plus grands collectionneurs ; quel est votre rôle dans leur parcours artistique ?
Si l’on veut que les collectionneurs deviennent des mécènes de musées, il faut, entre autres, travailler régulièrement avec les institutions. La plupart des collectionneurs ne connaissent pas les responsables des musées ; par exemple, nous leur conseillons vivement de prêter leurs œuvres lorsque cela se justifie. Nous les aidons également à constituer des bibliothèques. Actuellement, la galerie leur rend d’ailleurs hommage avec l’exposition “The collector as patron in the twentieth century” en présentant, entre autres, des œuvres de Jackson Pollock, Milton Avery, Willem De Kooning et Jasper Johns.

Comment réagissez-vous au développement de l’Internet ?
Jusqu’à présent, parmi les galeries de la même importance que la nôtre, nous sommes la seule à n’avoir pas signé de contrat avec un portail Internet pour vendre des œuvres d’art. Et nous n’avons pas l’intention de le faire. Cela ne correspond pas à notre politique de communication avec le client et de confrontation directe avec les œuvres d’art. Nous essayons réellement de préserver une certaine intimité. Knoedler dispose d’un site Internet, dont le principal objectif est l’information. Je prévois de l’enrichir et d’y proposer des biographies d’artistes.

Quelles sont les retombées des foires internationales pour Knoedler ?
Nous ne participons qu’à une seule foire : l’Art Dealers Association of America qui a lieu à New York en février. Pour Knoedler, les foires ne servent pas à faire du chiffre d’affaires, mais à stimuler les échanges. Artistes, critiques, conservateurs, collectionneurs et nouveaux clients se retrouvent afin de se rencontrer, d’informer, d’échanger et d’entretenir les relations. Je suis allée deux fois à Bâle. C’est un événement important et je ne me vois pas y participer. Mais il ne faut jamais dire jamais.

- “The collector as patron in the twentieh century�?, jusqu’au 31 juillet, Knoedler & Company, 19 East 70th Street, New York, 1 212 794 05 50.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°106 du 26 mai 2000, avec le titre suivant : Ann Freedman : Knoedler choisit le moderne

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