Entretien

Anika Guntrum, directrice des ventes d’art impressionniste et moderne de Christie’s France

« La réussite d’une vente dépend d’un bon marketing »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 17 novembre 2006 - 615 mots

 Vous vendez prochainement la collection Küss en trois parties : un ensemble de tableaux d’art impressionniste et moderne fait l’objet d’un catalogue séparé le 1er décembre à Paris ; un groupe de majoliques italiennes est inclus dans la vente de mobilier du 13 décembre à Paris et une quarantaine de peintures de maîtres anciens sont intégrées dans la vente spécialisée à Londres. Comment en arrive-t-on à un tel découpage ?
Lorsque se présente une collection, plusieurs critères entrent en compte pour organiser sa dispersion. Dans le cas de la collection du professeur René Küss (grand chirurgien disparu en juin), nous avions l’impératif de vendre avant la fin de l’année. En accord avec les vendeurs, nous avons divisé la collection, non homogène, en trois ensembles répartis par spécialité. Estimés 2,3 à 3,4 millions d’euros, les tableaux anciens seront vendus les 7 et 8 décembre à Londres où le marché est plus fort.

Pourquoi les trente-six tableaux d’art impressionniste et moderne ne sont-ils pas également partis à Londres ?
D’abord parce que c’était le souhait de la famille de vendre à Paris. Ensuite, depuis deux ans, notre département parisien organise des ventes d’art impressionniste et moderne qui ne font plus l’objet de ventes communes avec le département d’art d’après guerre et contemporain. C’est notre volonté de développer ces ventes et de disperser des pièces de plus en plus importantes à Paris,  d’autant plus que le marché réagit bien – nous en avons fait l’expérience l’an dernier déjà. La réussite d’une vente repose aussi sur un bon marketing : nous envoyons nos catalogues à nos clients à travers le monde. Nous avons exposé les trois lots principaux de la collection Küss à New York, à savoir L’Entrée de Giverny sous la neige par Claude Monet, estimé 600 000 à 800 000 euros ; Les Arbres dénudés de Paul Gauguin, estimé 300 000 à 400 000 euros et Honfleur. La Côte de Grâce par Eugène Boudin, estimé 150 000 à 200 000 euros.

Mais quand vous trouvez isolément chez un particulier français une pièce importante, ne l’exportez-vous pas systématiquement vers les marchés anglo-saxons ?
Nos exportations d’œuvres impressionnistes et modernes croissent chaque année. Dans la vente du 8 novembre à New York, plusieurs tableaux venaient de France. Par exemple, la Vénus de Modigliani, vendue 15 920 000 dollars (12 400 000 euros) ou le tableau Les Trois Sœurs, de Balthus, adjugé 6 736 000 dollars. Mais cela ne veut pas dire que nous ne gardons que des petites choses pour notre salle des ventes en France. En 2005, le 24 mai, à Paris, nous avons adjugé pour 1 414 000 euros une toile d’Alfred SisleyMoret-sur-Loing. Dans notre vente générale du 1er décembre, nous proposons une Jeune fille aux anémones sur fond violet, de Matisse, un tableau estimé 2-3 millions d’euros.

Cette vente comporte-t-elle d’autres œuvres importantes ?
La vente comprend aussi deux collections européennes. L’une réunit trente-cinq œuvres des Nabis et de l’école de Pont-Aven, exécutées entre 1886 et 1900, et signées Maurice Denis, Émile Bernard, Georges Lacombe, Édouard Vuillard ou Paul Sérusier. Ce sont des tableaux qui ont été achetés dans les années 1960-1970, souvent directement auprès des familles des artistes. L’autre est un ensemble inédit provenant de l’atelier et de la collection particulière du peintre pointilliste belge Théo Van Rysselberghe. Soit vingt-huit œuvres principalement de l’artiste dont le lot phare, Jeune fille au chapeau de paille (Elisabeth Van Rysselberghe), est estimé 200 000 à 300 000 euros, mais également des toiles de ses amis, Pierre Bonnard et Henri Edmond Cross.

Peut-on parler d’une saison parisienne exceptionnelle ?
Certainement. Le 1er décembre, entre les deux ventes, nous attendons 7,5 à 11 millions d’euros. Et nous ne comptons pas nous arrêter là.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°247 du 17 novembre 2006, avec le titre suivant : Anika Guntrum, directrice des ventes d’art impressionniste et moderne de Christie’s France

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