Paris Photo

Air frais

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 1 décembre 2006 - 464 mots

Le salon a été dopé par une qualité encore supérieure.

 PARIS - La profusion de clichés qu’offre Paris Photo donne souvent aux visiteurs un sentiment de vertige. Cette saturation s’est toutefois moins perçue lors de cette édition du salon. Plusieurs exposants avaient, en effet, opté pour des murs monographiques, une idée éprouvée depuis longtemps par la galerie Le Réverbère (Lyon). Il s’en est suivi une lecture plus digeste des accrochages, d’une qualité nettement meilleure cette année. Ce sursaut était patent dans les Statements nordiques, où des liens se tissaient entre une photo de Maria Hedlund, représentant une femme couverte d’une épaisse couche d’onguent, chez Anhava (Helsinki), et le visage dessiné de craquelures d’Anneè Olofsson, chez Mia Sundberg (Stockholm). Les résultats commerciaux de ces invités venus du froid ont toutefois été inégaux, entre le succès d’un Martin Asbaek (Copenhague) et le calme plat observé par Riis (Oslo) ou Heino (Helsinki).

Une présence plus internationale
Paris Photo a surtout permis de jauger la cote d’Edward Steichen, adoubé du record de 2,9 millions de dollars (2,26 milliards d’euros) aux enchères pour The Pond en février. La galerie 1900-2000 (Paris) proposait un nu baptisé In Memoriam (1904-05). Il fallait compter à peu près le double de l’enchère de 243 500 livres sterling (360 047 euros) décrochée en 1999 pour un autre tirage de cette image. De son côté, Hans P. Kraus (New York) affichait un autre nu pictorialiste, The little round the mirror (1902) pour 1,25 million de dollars (973 872 euros). Howard Greenberg (New York) présentait enfin un troisième nu, cette fois de 1934, pour 44 000 euros hors taxe. Aucun n’a trouvé preneur, si ce n’est finalement un portrait de Chaplin (1925) par Steichen (68 000 euros) chez Greenberg. Certains paliers de prix ne se franchissent pas encore sur le salon.
Ce n’est pourtant pas faute d’un public américain en forte progression cette année. Profitant d’une présence à 40 % internationale, Polaris (Paris) a cédé plusieurs photos d’Yto Barrada au SF MOMA (San Francisco), à la Fondation Aperture à New York et à un trustee de l’International Center of Photography (ICP) de New York. Le sourire brillait aux lèvres des galeristes new-yorkais Deborah Bell, Bonni Benrubi, Tom Gitterman et de la nouvelle recrue de Los Angeles M B. L’impétrant Robert Hershkowitz (Sussex) a, quant à lui, vendu une quinzaine de clichés à des musées d’outre- Atlantique. Mais, comme son confrère Charles Isaacs (New York), il a regretté de ne ferrer aucun collectionneur européen. Le bilan s’est avéré contrasté chez certains exposants d’art contemporain. Le magnifique projet d’Akram Zaatari chez Sfeir-Semler (Hambourg-Beyrouth), ou le stand subtil de gb agency (Paris) n’ont pas déchaîné les passions. Un pan plus porté sur le concept que l’image peine encore à trouver son public.

Paris Photo

- Nombre de visiteurs : 40 800 - Prochaines dates : 15-18 novembre 2007

À nous deux la City

Reed Expositions, propriétaire du salon Paris Photo, vient de racheter Photo London, programmé du 30 mai au 2 juin 2007. Jusqu’à présent, ce salon britannique péchait par son manque d’organisation et par l’exiguïté de son site à Burlington Gardens. Les nouveaux ordonnateurs ont déjà signé pour un nouveau lieu, Old Billingsgate, situé près de la City, face à la Tamise. Un déménagement qui permettrait de relever le nombre d’exposants de 44 à 66. Toute la question sera d’éviter que Photo London ne cannibalise un jour Paris Photo. « Le concept sera très différent, indique Valérie Fougeirol, commissaire des deux salons. Il n’y aura pas l’aspect découverte avec les Statements. Londres sera plus resserré, plus business. Nous avons la City juste dans le dos et il faudra analyser la sociologie de ce public-là. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°248 du 1 décembre 2006, avec le titre suivant : Air frais

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