Le Carré Rive Gauche, de l’Antiquité au XXe siècle

2 000 ans d’histoire

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2000 - 722 mots

Événement culturel printanier très attendu des collectionneurs, le Carré Rive Gauche réunira, du 24 au 28 mai, pour sa vingt-troisième édition des Cinq jours de l’objet extraordinaire plus de cent galeries qui présenteront des œuvres souvent inédites couvrant plus de vingt-trois siècles d’histoire.

PARIS - C’est un carré de lin blanc (tabula) de petite dimension (16 x 18 cm) formé de neuf cercles dans lesquels sont inscrits des animaux – chien, lion et lapin – ainsi qu’une femme, coiffée d’un bonnet phrygien rouge à pois bleus, tenant une double hache. Cette étoffe datant du VIe-VIIe siècle après J.-C. appartient à une collection composée de soixante-dix tissus archéologiques coptes, représentant des animaux, des personnages ou des scènes de la vie mythologique gréco-romaine, qui sera exposée à la galerie Chevalier du 24 mai au 30 juin. Parmi ces pièces tissées selon la technique double face de la tapisserie, figure aussi un Plastron aux putti danseurs (Xe-XIe siècle, 29 x 37 cm). La galerie Bondeel-Deroyan montrera, pour sa part, des tapisseries “Millefleurs” réalisées entre le XVe et le XVIIe siècle, parmi lesquelles se trouve une belle Millefleurs au lapin appartenant à la période gothique, caractérisée par des fonds très denses et une absence totale de profondeur.

On remarquera aussi plusieurs importantes sculptures anciennes, comme une Joueuse de polo en terre cuite sous engobe polychrome datant de la dynastie Tang (618-907 après J.-C., galerie D. Milano Bacstreet), une boucle de ceinture en bronze à patine vert d’eau ornée sur la face d’un grand buffle attaché à un poteau et de trois personnages (culture de Dian, IVe-IIIe siècle avant J.-C., galerie Christian Deydier, Oriental Bronzes Ltd), et un Saint Vincent en bois de tilleul, en habit de moine et portant une coiffe d’alchimiste, qui présente quelques restes de dorures d’origine (vallée du Rhin, 1510-1520, galerie Jacqueline Boccador). Gabrielle Laroche s’est, elle, intéressée à une Élévation de Marie-Madeleine (Allemagne du Sud, vers 1515) sculptée dans du tilleul polychrome et doré. “Le corps de la pécheresse repentie est pudiquement recouvert d’un manteau de cheveux frisés à la manière des représentations médiévales des femmes sauvages, souligne Gabrielle Laroche. Un voile doré lui drape la tête, entoure son bras et lui cache les hanches. Une pomme, tenue dans sa main droite, signe son repentir.”

Une Vierge à l’Enfant en majesté, en bois polychrome, sera exposée non loin. Cette sculpture du XIIIe siècle, haute de 43 cm, montre la Vierge assise sur un trône. Elle tient un sceptre à la main, tout en soutenant l’enfant qui repose sur ses genoux. “Cette Vierge de l’époque gothique est encore dans la tradition des Vierges en majesté de l’époque romane, mais son visage plus doux contraste avec la sévérité des Vierges de l’époque précédente.” Le XVIIe siècle sera représenté par un ensemble de quatre  miroirs de forme ovale à glace bombée, appelés miroirs sorcière, enserrés dans une épaisse feuille en bronze ciselé et doré, ornée de quatre pastilles de marbre précieux et de cabochons de couleur.

Saint François recevant les stigmates
Jacques Leegenhoek a sélectionné une œuvre de Francesco Fontebasso (1707-1769) qui nous transporte au cœur de la Venise du XVIIIe siècle. “L’austérité du sujet, saint François recevant les stigmates, disparaît au profit d’une manifestation gracieuse du divin, soutient l’antiquaire. Fontebasso retient dans ce tableau les leçons de Sebastiano Ricci auprès duquel il a fait son apprentissage, tout en montrant, dès 1734, un grand intérêt pour Tiepolo.” Nouveau venu dans le Carré, René-François Teissèdre, spécialisé dans les tableaux et dessins des périodes néoclassique et romantique s’étendant de la fin de du XVIIe siècle aux prémices de l’école de Barbizon, montrera une huile de 1737 signée Fajon, un peintre actif en Haute-Provence. Cette œuvre, provenant d’un oratoire privé, est inscrite dans une niche en noyer de style Régence.

La galerie Delvaille propose, de son côté, une exposition sur “La campagne française au XIXe siècle, du Néoclassicisme à l’Impressionnisme”, réunissant des œuvres de Budelot, Dupré ou Isenbart.
Le  mobilier du XXe siècle sera représenté par un bureau et sa chaise en ébène massif d’une grande simplicité formelle, réalisés par Alexandre Noll (galerie Jacques Lacoste). Gladys Mougins organise, quant à elle, une rétrospective consacrée au créateur contemporain André Dubreuil, qui réalise des meubles en fil de fer torsadé, métal bleui au chalumeau, cuivre et émail, et Pierre M. Dumonteil, une exposition réunissant quarante sculptures originales d’artistes figuratifs contemporains.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°105 du 12 mai 2000, avec le titre suivant : 2 000 ans d’histoire

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