Le MACBA revient sur sa décision d’annuler l’exposition avec la sculpture de Juan Carlos

Par Chloé Redon · lejournaldesarts.fr

Le 24 mars 2015 - 516 mots

BARCELONE (ESPAGNE) [24.03.15] – Le directeur du Musée d’art contemporain de Barcelone, Bartomeu Mari, avait annulé l’exposition La bête et le souverain parce qu’elle présentait une œuvre « inappropriée ». Il est revenu sur sa décision et a présenté sa démission.

L’exposition La bête et le souverain organisée au Musée d’art contemporain de Barcelone (MACBA) est finalement ouverte au public. Dans une lettre ouverte en date du vendredi 20 mars 2015, le directeur du MACBA, Bartomeu Mari, est revenu sur son choix d’annuler la manifestation, relate El Pais. Il affirme que « les points de vue venus de nombreux et divers secteurs de la société, depuis le monde de l’art et de la culture jusqu’à la politique et les médias, ainsi que ceux des professionnels internationaux du monde de l’art [l]’ont fait revenir sur [sa] première décision de ne pas inaugurer ». Il explique qu’il n’a « jamais vu [son] geste comme un geste de censure » mais plutôt « comme un désaccord sur la présence d’une œuvre concrète et les conséquences de ses possibles lectures ». Il s’est toutefois excusé avant de présenter sa démission au musée qui devrait se prononcer dans les prochaines heures.

L’aspect provocant de l’œuvre Not Dressed for Conquering / Haute Couture 04 Transport réalisée par l’artiste autrichienne Ines Doujak avait conduit le MACBA à annuler son exposition La bête et le souverain le 18 mars 2015, jour de son ouverture. La sculpture représente l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos et la dirigeante syndicale bolivienne Domitila Chungara nus au cours d’un rapport sexuel impliquant un chien. L’ancien souverain, à quatre pattes sur des casques militaires jonchant une pile de cartons, régurgite un bouquet de bleuets tandis qu’il est chevauché par la féministe. De quoi susciter de vives réactions relayées par El País.

Pourtant cette œuvre s’inscrit pleinement dans le thème de la manifestation : la souveraineté. L’exposition est organisée par Hans D. Christ, Iris Dressler, Paul B. Preciado et Valentin Roma. Selon eux, tous les travaux ont pour dénominateur commun d’aborder des problématiques relatives à la souveraineté. Par exemple, l’œuvre des artistes kazakhs Viktor Vorobyev & Yelena Vorobyeva représentant, sur un panneau blanc, le dessin d’une tête de bélier entouré de légendes, illustre l’exercice du pouvoir totalitaire. L’œuvre d’Ines Doujak questionne, elle, la souveraineté de l’homme blanc au regard de l’exploitation coloniale et sexuelle. D’après Valentin Roma l’œuvre de l’autrichienne s’inscrit dans un « art [qui] a caricaturé les archétypes du pouvoir pendant des siècles ».

En outre, El País relève que Bartomeu Mari avait validé le thème de l’exposition ainsi que la liste des artistes et des œuvres présentés bien avant le 18 mars. Pourtant ce dernier assure ne pas avoir vu l’œuvre avant le lundi 16 mars. Ne souhaitant pas que cette sculpture, qu’il considérait « inappropriée et contradictoire avec la ligne éditoriale du musée », soit exposée il avait suggéré son retrait de la manifestation. Face au refus de l’artiste et des curateurs, il avait donc annulé l’exposition. Il n’a cependant pas maintenu cette position face à la critique internationale. L’exposition est ouverte depuis le samedi 21 mars 2015.

Légende photo

Le MACBA, Museo de Arte Contemporaneo de Barcelona, créé par Richard Meier © Photo Graham Rogers - 2006 - Licence CC BY-SA 2.5

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