L’Arabie saoudite aurait détruit 98 % de son héritage culturel depuis 1985

Par Isabelle Freysselinard · lejournaldesarts.fr

Le 21 novembre 2014 - 402 mots

LA MECQUE (ARABIE SAOUDITE) [21.11.14] - D’après la Fondation de recherche sur le patrimoine islamique du Royaume-Uni, 98 % des sites historiques et religieux de l’Arabie saoudite auraient été détruits depuis 1985.

La Kaaba, cube noir au centre de la mosquée sacrée de la Mecque vers laquelle se tournent les musulmans pour prier, a longtemps été entourée de colonnes en marbre surmontées d’arceaux décorés de mosaïque datant du VIIIe siècle et d’arcades érigées au-début du XVIIe siècle. Les colonnes et les arcades ont été détruites au début du mois – novembre 2014 – pour permettre l’agrandissement de la Mecque, souhaité par le gouvernement. Ce projet d’agrandissement commencé en 2011, dont le budget s’élève à 21 milliards de dollars, doit faciliter l’accueil des pèlerins qui se rendent, toujours plus nombreux, à la Mecque (17 millions chaque année).

Cette destruction d’une partie d’un bâtiment historique et religieux est loin d’être un cas isolé, comme le rappelle la Fondation de recherche sur le patrimoine islamique du Royaume-Uni. Des mosquées et des sites historiques importants comme des châteaux, des puits et des ponts en pierre datant de l’Empire ottoman ont été démolis récemment. La maison de l’oncle du prophète Mahomet à Hamza a été également rasée pour construire un hôtel, il y a quelques mois. Ces destructions correspondraient à 98 % de l’héritage culturel de l’Arabie saoudite. « C’est comme s’ils voulaient effacer l’Histoire », se lamente Ali al-Ahmed, directeur de l’Institute for Gulf Affairs de Washington, d’après le Time.

Ces destructions, de plus en plus fréquentes, seraient réalisées dans le but de se conformer à la doctrine wahhabi. Le wahhabisme, courant fondamentaliste qui prône un islam dans sa forme originelle, interdit en effet aux fidèles la visite de sites historico-religieux, craignant l’idolâtrie.

Un rapport de soixante pages a été publié dans le Journal de la Présidence royale d’Arabie saoudite, évoquant la possibilité de séparer la tombe du prophète de la mosquée de Médine, ce qui provoquerait la démolition de la tombe puisque celle-ci ne peut être déplacée sans être détériorée, comme le craint Irfan al-Alawi, le directeur de la Fondation de recherche sur le patrimoine islamique. Le lieu de naissance du prophète est également menacé par un projet de construction d’un palais pour le roi Abdullah.

Le gouvernement saoudien ayant refusé que la mosquée de La Mecque soit inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, il est difficile à l’organisation d’élever des critiques.

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