La dOCUMENTA de Cassel se déroulera aussi à Athènes en 2017

« Apprendre d’Athènes » ("Von Athen lernen") : c’est le nom du projet de la prochaine édition de la manifestation d’art contemporain dOCUMENTA présenté lors d’une conférence à l’école d’art de Cassel (Hesse). Le commissaire polonais Adam Szymczyk, en charge du projet, bouleverse la tradition de la dOCUMENTA en organisant pour 2017 une exposition parallèle à celle de Cassel. C’est la première fois qu’une exposition de taille importante se tient en dehors de la ville allemande. Athènes ouvrira la séquence en avril 2017, puis Cassel suivra en juin. Les deux expositions coexisteront durant un mois dans les deux villes.

Le maire de Cassel Bertram Hilgen, très favorable au projet, voit ce choix comme « extrêmement intéressant ». « Toutes les éditions de la dOCUMENTA ont forgé l’importance de cet événement culturel en tant qu’exposition d’art contemporain majeure sur la nouveauté. La direction artistique ne s’inspire pas pour cela uniquement des développements artistiques actuels mais aussi des développements politiques et sociétaux. Athènes représente le point culminant d’une culture européenne vieille de plusieurs millénaires et, actuellement, d’enjeux politiques et sociétaux », explique-t-il.

Selon Adam Szymczyk la création de la dOCUMENTA en 1955 a permis le retour de la modernité après la seconde guerre mondiale et a servi de champ d’expérimentation à un art contemporain réfléchissant sur les états d’âme d’une nation et sur son rapport au passé, rapporte le Tagesspiegel. Ce concept étant, selon lui, épuisé, il s’agit maintenant de chercher l’inspiration dans un autre lieu, en crise.

Ce partenariat survient en effet dans le contexte de la crise financière qui frappe la Grèce depuis 2007 et de la tension entre les deux pays. La Grèce est parfois perçue en Allemagne comme le maillon faible de l’Union européenne, et l’Allemagne est critiquée en Grèce pour la politique d’austérité imposée par la chancelière Angela Merkel. Mais c’est précisément cette « tension palpable entre le Nord et le Sud » de l’Europe que Szymczyk souhaiterait rendre visible dans la dOCUMENTA 14.

Cette décision provoque plusieurs réactions en Allemagne. Hôteliers et commerçants de Cassel s’insurgent, craignant pour des recettes sur lesquelles ils comptaient (la dernière édition de la dOCUMENTA en 2012 avait attiré 860 000 visiteurs dans la ville). Le maire social-démocrate Bertram Hilgen de Cassel est, quant à lui, très favorable à l’idée, rapporte le Tagesspiegel. Il aurait expliqué le projet en soulignant que celui-ci « complétait cette exposition internationale » et rassuré les habitants de Cassel en indiquant que « son centre principal restera évidemment Cassel », contredisant la déclaration de Szymczyk selon laquelle les deux villes hébergeraient l’exposition « au même titre ».

La dOCUMENTA a déjà eu l’occasion d’expérimenter l’organisation d’expositions parallèles en dehors de l’Allemagne, comme en 2013 avec les expositions d’Alexandrie (Egypte), de Kaboul (Afghanistan) et de Banff (Canada), mais il s’agirait avec Athènes de la première exposition d’une telle importance en dehors de Cassel.