Profession

Les experts de l’archéologie

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 27 mai 2010 - 655 mots

Une série de courts films d’animation diffusée sur Arte met en lumière
des disciplines indispensables à l’archéologie.

C’est avec un humour qui n’est pas sans rappeler celui des Shadocks de Jacques Rouxel, ici dans une version « et les experts fouillaient », que les réalisateurs Joris Clerté, Marc Chevalier et Pierre-Emmanuel Lyet, du studio de création d’images animées Donc Voilà, ont porté leur regard sur sept métiers indispensables à l’archéologie contemporaine. Ils ont ainsi conçu une série de courts films d’animation au ton singulier destinés à ponctuer la journée spéciale consacrée à l’archéologie par la chaîne culturelle Arte (lire p. 34).

Derrière le vocable générique d’« archéologue », se cache en effet une pluralité de spécialités pointues, exercées par une poignée de scientifiques capables de déceler de précieuses indications dans les différentes strates d’un site de fouilles et d’en tirer des informations précises sur la biodiversité, les modes de vie, les rites et les activités humaines.

Mal connus du grand public – tout comme le monde de l’archéologie en général –, ces métiers scientifiques appliqués à l’archéologie utilisent des instruments de mesure et de recueil spécifiques, et ont recours à des techniques propres à l’optique, l’informatique, la typologie… Ces professions, qui requièrent des compétences en physique, chimie, biologie ou botanique, sont ici présentées sous l’angle de la pédagogie, avec rigueur mais aussi une once de décontraction. Ainsi de l’anthropologue qui, « avec quelques crânes et un peu d’ADN » – trouvé en général dans les cavités pulpaires des dents… –, permet au passé de reprendre vie. Le public l’aura compris, son champ d’étude est celui des ossements et des restes humains. Le palynologue s’attache pour sa part aux pollens, dont l’analyse révèle la concentration des espèces végétales grâce au diagramme pollinique, qui permet de comprendre l’évolution des paysages, alors que l’anthracologue étudie les charbons de bois, indicateurs de nombreuses activités humaines (présence de fours de poterie…).

Le géomorphologue, qui décrypte les différentes couches de la terre, et le topographe, qui sait faire parler les accidents de terrain, participent quant à eux des études géologiques. Le tracéologue, qui étudie les traces d’usure des silex, et le céramologue, qui s’attache aux fragments de terre cuite, s’intéressent tous deux aux objets matériels découverts sur le site… Tel est le casting de ces sept courts films, non exhaustifs sur le sujet, d’une durée d’une minute trente chacun.

Le résultat se révèle très efficace pour expliciter ces métiers scientifiques complémentaires au travail de l’archéologue, celui-là même qui a longtemps été considéré comme un barbu à lunettes un peu baba cool, comme le rappelle un autre film diffusé au cours de cette journée. Intitulé L’archéologue et le bulldozer, celui-ci est consacré au combat pour l’archéologie préventive vu au travers des journaux télévisés d’époque… Une diffusion de la série Les experts de l’archéologie dans les écoles aurait donc toute sa raison d’être, et pourra susciter des vocations vers ces voies difficiles. À condition, toutefois, d’être complétée par un zoom sur les voies universitaires à suivre. Elle pourrait aussi inspirer le ministère de la Culture, un peu à court d’idées pour valoriser auprès des jeunes la palette des autres métiers de la culture, qu’ils soient manuels ou intellectuels.

Formations

La formation « classique » d’archéologue est dispensée dans une vingtaine d’universités françaises, où la discipline est souvent associée à l’histoire de l’art ou à l’histoire. L’École du Louvre, l’École des hautes études en sciences sociales et l’École pratique des hautes études proposent également des enseignements en archéologie sanctionnés par un diplôme d’État.

Les spécialités évoquées dans cette série de films correspondent aux filières scientifiques de l’archéologie et sont enseignées par quelques rares universités qui forment aux sciences appliquées à l’archéologie. D’autres filières, plus techniques, offrent aussi des débouchés dans le secteur de l’archéologie (topographe, photographe, dessinateur…).

À noter : la participation à un chantier de fouilles reste une excellente initiation à l’archéologie. Liste nationale des chantiers archéologiques ouverts aux bénévoles et conditions matérielles www.culture.gouv.fr/fouilles

À voir

Les experts de l’archéologie, série de sept films d’animation inédits, réalisés par Joris Clerté, Marc Chevalier et Pierre-Emmanuel Lyet. Coproduction Arte France/Inrap/Donc Voilà, 2010, 7 x 1 min 30, diffusion durant la journée spéciale archéologie d’Arte, le 5 juin de 13 heures à 22 h 30.

L’archéologue et le bulldozer, coproduction Arte France/Inrap, 2010, 13 min, le 5 juin à 14 h 30.

Légende Photo : 
Jeune archéologue à Mértola (Portugal) - Photographe : Dalbera - Licence Creative Commons 2.0

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°326 du 28 mai 2010, avec le titre suivant : Les experts de l’archéologie

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