Salon du dessin : 60 % de dessins modernes

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 16 mars 2016 - 786 mots

Faisant preuve d’une longévité sans égale dans cette spécialité, le Salon du dessin, qui fête ses 25 ans, présente davantage de dessins modernes que de feuilles anciennes.

Créé en 1991 à l’initiative de neuf marchands, le Salon du dessin est le premier du genre entièrement voué à cette discipline. Il a réussi le tour de force, vingt-cinq ans plus tard, d’être incontournable, et fait se déplacer les responsables des plus grandes institutions. Il ouvre ses portes au palais Brongniart, du 30 mars au 4 avril.

Pour le galeriste Franck Prazan, « la force du Salon tient au fait qu’il est spécialisé, très sélectif, à taille humaine, traversant les époques. Il est également idéalement situé à Paris, et s’inscrit dans un calendrier qui s’est organisé autour de lui avec notamment la semaine du dessin ». En effet, le Salon entraîne dans son sillage une kyrielle d’événements, conférences et expositions, à l’exemple de la sélection d’une trentaine d’œuvres sur papier de la collection du Musée Pouchkine (Moscou). Il publie également pour ses 25 ans un catalogue rassemblant 200 dessins exposés depuis 1991, tel un Autoportrait de Léon Spilliaert présenté par Patrick Derom en 2005 et vendu au Musée d’Orsay.

Sur un total de 39 participants (le même effectif qu’en 2015), 23 sont français, 16 sont étrangers. Un chiffre en baisse : ils étaient 20 en 2015. « Nous avons eu plus de nouvelles candidatures françaises cette année », explique Louis de Bayser, aux commandes de l’événement.

Huit enseignes ont été renouvelées – soit 20 % –, un turnover qui s’accélère puisque sept l’ont été l’an passé contre trois en 2014. Parmi les quatre nouveaux exposants figurent la galerie Éric Gillis (Bruxelles) ou les galeries parisiennes Hélène Bailly et Jacques Elbaz. Ce dernier, qui espère, par l’entremise du salon, « convaincre de nouveaux collectionneurs », expose plusieurs œuvres de Sam Szafran (60 000 à 150 000 euros), dont L’Escalier de la rue de Seine. Sur la liste des quatre revenants : les parisiennes AB, de La Béraudière, Karsten Greve et Haboldt & Co. Huit galeries ne sont pas revenues parmi lesquelles : Day & Faber, Patrick Derom, Thessa Herold, David Tunick ou Antoine Tarantino. « C’est dur pour nous de ne pas exposer au salon car il y a beaucoup de passage et c’est un grand plaisir de partager notre travail », se désole ce dernier qui avait vendu au British Museum l’an passé le soir même du vernissage une Étude de Femme éplorée, par Simon Vouet.

Gris, Matisse, Laurens…
Si on observe une répartition égale entre les marchands d’art ancien et les galeristes d’art moderne, « il y a environ 40 % de dessins anciens contre 60 % de dessins modernes présentés », selon Louis de Bayser. Aussi, le nombre d’exposants de dessins anciens présentant des dessins modernes est en hausse. Par exemple, Thomas Le Claire (Hambourg) apporte une gouache (1942) de Sonia Delaunay, Éric Coatalem (Paris) et un Projet pour le progrès de la science (vers 1934) de José-Maria Sert. « Les artistes anciens se vendent moins bien, c’est pourquoi les marchands mettent en avant des artistes du XXe siècle, ils pensent qu’ils auront plus de nouveaux clients », souligne Nicolas Joly, expert en tableaux et dessins anciens.
Pour Louis de Bayser, « tout dépend de ce que les exposants ont pu trouver dans l’année. La raréfaction fait qu’ils trouvent plus de dessins du XXe siècle que du XVIIe ». Un marchand spécialisé dans l’ancien en doute : « Je n’ai pas assez d’argent pour acheter tous les dessins anciens que je souhaiterais ! »

Parmi les œuvres modernes importantes, citons L’Homme au café, de Juan Gris, exposé par Jacques de La Béraudière (autour de 750 000 €). La Galerie Zlotowski (Paris) montre une nature morte puriste d’Amédée Ozenfant (environ 250 000 €) ; Damien Boquet (Paris) propose un Portrait de Lydia par Matisse (entre 120 000 et 140 000 €) quand Hélène Bailly dévoile une Tête de femme (1917) d’Henri Laurens (affichée 300 000 à 350 000 €) et que les galeries AB et Applicat-Prazan (Paris) présentent respectivement une gouache de Calder de 1961 (100 000 €) et Exodus no 1, de Karel Appel (280 000 €).

Côté dessins anciens, Stephen Ongpin (Londres) apporte le Portrait de Gaspard Bonnet (1812), par Ingres (230 000 €) ; Haboldt, le Buste de Démocrite par Lucas Vorsterman, (45 000 €) ; Nathalie Motte Masselink (Paris), une Académie d’homme en Hercule, de David (env. 180 000 €). Enfin, la galerie de Bayser présente Tête de femme au ruban rouge, d’Élisabeth Vigée Le Brun, et Marty de Cambiaire (Paris), le Concours de lutte entre femmes spartiates de Giovanni De Min).

Salon du dessin

Président : Louis de Bayser
Nombre d’exposants : 39

Salon du dessin

Du 30 mars au 4 avril, palais Brongniart, place de la Bourse, 75002 Paris, www.salondudessin.com, 12h-20h, nocturne le 31 mars jusqu’à 22h. Entrée 15 €, catalogue inclus.

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<b>Légende photo</b><br />
Palais Brongniart de Paris où se déroule le Salon du Desssin © Photo <a href=Arnaud 25 - 2000 - Photo sous Licence Domaine public via Wikimedia Commons

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°453 du 18 mars 2016, avec le titre suivant : Salon du dessin : 60 % de dessins modernes

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