Foire & Salon

Les foires parisiennes fêtent le printemps

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 16 mars 2016 - 885 mots

PARIS

Le rendez-vous régulier que proposent plusieurs foires d’art fin mars à Paris tente de s’installer dans un calendrier international chargé. La manifestation gagnerait à une meilleure coordination entre des événements de format et de qualité variables.

Le rendez-vous printanier des foires parisiennes est une galaxie en fusion qui peine à se stabiliser. Depuis que, en 1998, le Salon du dessin ancien a été rejoint par le Pavillon des antiquaires, aucune année ne ressemble à la précédente. 1998 est en effet le point de départ d’un mouvement de convergence plus ou moins brownien autour de la dernière semaine de mars. Créé en 1991, le petit Salon du dessin ancien et sa vingtaine d’exposants se tenait jusqu’alors dans les salons de l’hôtel Georges-V, près du pont de l’Alma, avant de déménager en 1998 plus au nord, mais toujours dans le très chic 8e arrondissement parisien, dans les Salons Hoche. C’est à cette date que le Salon des beaux-arts, qui s’organisait depuis septembre 1995 en alternance avec la Biennale des antiquaires, se saborde pour renaître fin mars sous un nouveau nom sur les lieux aujourd’hui occupés par le Musée du quai Branly. Trois ans plus tard, le Salon du dessin déplace sa structure mobile dans le jardin des Tuileries, adoptant déjà sa configuration actuelle, n’était une orientation moins marquée qu’aujourd’hui pour le XXe siècle.

Mais l’élan décisif est donné avec le changement de dates d’Art Paris. Art Paris a d’abord été, au moment de sa création en 1999, une forme de « Salon des refusés » de la Fiac, simultanément à sa tenue en octobre. Ce positionnement intenable prend fin avec le déplacement de sa programmation au printemps et son installation au Carrousel du Louvre, un lieu que les organisateurs de salon n’ont jamais aimé mais vers lequel ils ont coutume de se rabattre. C’est précisément la réouverture du Grand Palais que son directeur, Henri Jobbé-Duval, a en tête lorsqu’il change le calendrier d’Art Paris. L’année suivante, en 2006, il est le premier salon commercial à inaugurer la nef du Grand Palais sous une verrière restaurée avec une centaine d’exposants. Ce joli coup de communication va s’assombrir avec le changement d’actionnaires survenu en 2009, lesquels font appel à Lorenzo Rudolf. Celui-ci connaît bien les foires pour en avoir dirigé plusieurs et non des moindres, mais il n’a pas toujours le nez fin et cette fois il brouille l’image de la foire autant qu’il se brouille avec tout le monde. L’arrivée en 2012 de Guillaume Piens, transfuge de Paris Photo, va permettre de remettre les choses dans l’ordre : changement de nom, format plus classique, ouverture à des scènes étrangères et, au passage, augmentation du nombre d’exposants (140).

Art Paris puis Drawing Now
Le repositionnement d’Art Paris donne envie à la galeriste Christine Phal, plus tard rejointe par sa fille Carine Tissot et Philippe Piguet (collaborateur de L’Œil, une publication d’Artclair Éditions), d’exploiter une niche jusqu’alors délaissée : le dessin contemporain. Première édition en 2007 dans un immeuble de bureau situé avenue d’Iéna avant de nomadiser dans plusieurs lieux dont l’inévitable Carrousel du Louvre. Renommé « Drawing Now » en 2011, le salon a depuis trouvé sa vitesse de croisière et un lieu adapté à ses 80 exposants : le Carreau du Temple, à proximité du Marais. On épargnera aux lecteurs la généalogie compliquée des foires satellites et éphémères de Drawing Now que furent Chic Dessin et Slick dont un ultime avatar se poursuit depuis trois ans dans les Ateliers Richelieu : DDessin.

L’an dernier, ce paysage constamment en mouvement des foires du printemps s’est enrichi de la première et dernière édition de Paris Beaux-Arts. Ce salon d’antiquaires à visée conviviale est organisé, comme il se doit pour tout nouvel entrant, au Carrousel du Louvre par un Syndicat national des antiquaires voulant offrir une alternative à la Biennale de septembre. Désireux aussi d’exploiter l’absence grandissante de l’art ancien au Pavillon des antiquaires, devenu entre-temps le « PAD ». Mais avec l’annualisation de la Biennale des antiquaires, Paris Beaux-Arts perdait sa raison d’être, d’autant que sa programmation une semaine après les autres foires était assez handicapante.

Méli-mélo
Ce morcellement désordonné contraste avec le monolithe que constitue Tefaf, à Maastricht, qui avance imperturbablement en gagnant chaque année un crédit et un prestige supplémentaire, fort de son lieu unique et du professionnalisme de son organisateur néerlandais. À l’image de planètes affolées, les multiples foires parisiennes peinent à se coordonner face à une Tefaf surpuissante qui se tient quelques jours auparavant, ajoutant à la difficulté de marchands qui veulent être à la fois Paris et à Maastricht. Les Gaulois étant ce qu’ils sont, aucune communication commune n’est mise en place entre les organisateurs parisiens. Chacun a bien conscience que cette atomisation les dessert, quand un événement a besoin de temps et de stabilité pour être intégré dans l’agenda des visiteurs, et plus encore dans celui des collectionneurs étrangers, mais la somme des intérêts individuels est supérieure à la force gravitationnelle du regroupement. Et pour ajouter de la confusion à ce grand méli-mélo, le Comité professionnel des galeries d’art a annoncé la création l’an prochain d’un nouveau salon d’art contemporain pour ses adhérents. Conseillons à son promoteur, le galeriste Georges-Philippe Vallois, d’éviter de l’appeler « Salon de Mars », du nom d’un salon éphémère qui a tenu sept ans jusqu’en 1995 avant de disparaître.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°453 du 18 mars 2016, avec le titre suivant : Les foires parisiennes fêtent le printemps

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