Singapour

Art Stage Singapore espère élargir son public

La foire séduit l’Asie du Sud-Est, mais peine à attirer le public chinois et occidental.

SINGAPOUR - Lorsqu’en 2011, Lorenzo Rudolf crée Singapore Art Stage, le pari est osé. Certes, il bénéficie du soutien du gouvernement, mais le marché est encore balbutiant. Pourtant en cinq ans seulement, la foire a su s’imposer comme le rendez-vous majeur en Asie du Sud-Est, attirant cette année 152 galeries dont 70 % de galeries asiatiques et 52 000 visiteurs du 22 au 25 janvier. Ils n’étaient que 31 000 en 2011. Collectionneurs et galeries reconnaissent tous une montée en gamme de la foire. Pour cette cinquième édition, le public et les ventes étaient au rendez-vous même si toutes les galeries n’ont pas vendu. Parmi les records, une œuvre de Damien Hirst (White Cube) s’est vendue 1,4 million d’euros à un collectionneur malaisien. Trois œuvres d’Andy Warhol (Galerie Bartoux) entre 44 000 et 90 000 euros, ainsi qu’une sculpture d’Armand (Galerie Bartoux) à 332 000 euros ont été cédées à un collectionneur singapourien. Une sculpture en bronze de Bombardier, Il peso del tempo sospeso (Mark Hachem Gallery) s’est vendue à 330 000 euros.

Une nouvelle génération de collectionneurs

Pour les galeries asiatiques présentant des artistes asiatiques, la foire a été positive. Richard Koh, le galeriste malaisien qui dispose d’une galerie à Kuala Lumpur et à Singapour se réjouissait d’avoir renouvelé son accrochage trois fois durant la foire. Il représentait entre autres deux artistes malaisiens et l’artiste thaïlandais Natee Utarit, dont il a vendu deux pièces à 312 000 et 446 000 euros. « Nous sommes présents depuis vingt ans, les gens nous connaissent, explique Richard Koh. Nous avons vu tous les grands collectionneurs du Sud-Est asiatique, ils sont tous là. Cette année, il y a davantage de collectionneurs malaisiens et thaïlandais, ainsi qu’une nouvelle classe de collectionneurs plus jeunes et plus confiants dans l’art de la région ». Même son de cloche chez Art Plural, galerie établie à Singapour depuis six ans qui présentait sur son stand l’artiste chinois Nan Qi et la Française Fabienne Verdier. « Tous les collectionneurs connus de la région sont là, mais il manque les collectionneurs occidentaux et chinois », déplore Carole de Senarclens la directrice de la galerie. Pour Jasdeep Sandhu, le directeur de la galerie Gajah à Singapour, les collectionneurs européens et américains sont encore peu nombreux à Singapour, car l’art du Sud-Est asiatique reste encore largement méconnu. Si certaines galeries regrettent l’absence de ces collectionneurs, pour d’autres Art Stage reste une première étape pour l’internationalisation des artistes émergents. Pour la galerie Stéphanie de Manille, l’une des galeries les plus établies des Philippines, Art Stage est l’occasion de présenter pour la première fois l’artiste Rom Villaseran, un artiste contemporain philippin à des collectionneurs étrangers. La galerie Light and Space, de Manille également, a vendu deux pièces de l’artiste philippin Ernest Concepcion au Musée national de Taipei.

À l’image du partenariat entre la banque suisse UBS et la foire d’Art Basel, Lorenzo Rudolf réfléchit également à un tel accord. « L’art, les foires, les artistes, les galeries, c’est du marketing aujourd’hui, affirme-t-il sans ambages. Sans renoncer à notre identité et sans faire de compromis sur la qualité des œuvres présentées, nous devons trouver une marque qui pourra soutenir la foire et donc nos artistes ». Banque asiatique, marques de luxe ? Les paris sont ouverts.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°428 du 30 janvier 2015, avec le titre suivant : Art Stage Singapore espère élargir son public

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