Foire & Salon

Art Stage Singapour s’interroge sur son avenir

Par Marion Zipfel (Correspondante à Singapour) · lejournaldesarts.fr

Le 20 janvier 2017 - 691 mots

SINGAPOUR

SINGAPOUR [20.01.17] - A l’issue d’une 7e édition décevante d’Art Stage qui s’est tenue à Singapour du 12 au 15 janvier, Lorenzo Rudolf, son fondateur, veut revoir le format de la manifestation.

Marquée par une baisse du nombre de visiteurs ainsi que du nombre de galeries présentes, passé de 170 à 138 entre 2016 et 2017, la 7e édition d’Art Stage a suscité nombre d’interrogations quant à la pérennité de la foire à Singapour.

Et le premier à s’interroger c’est Lorenzo Rudolf lui-même. Si le Suisse croit toujours en Singapour, il déplore la stagnation du marché de l’art à Singapour et le manque de vision du gouvernement sur la stratégie à mener pour vraiment faire de la cité-Etat le centre de l’art de la région. « Nous avons besoin d’une plus grande ouverture d’esprit pour que le marché et la créativité puissent vraiment croître ». Ne mâchant pas ses mots, il s’en prend également à la discrétion des grands collectionneurs singapouriens qui n’achètent pas à Singapour.

Pour les forcer à sortir de leur réserve, il a lancé cette année le « Collectors’ Stage » une exposition regroupant les œuvres de collectionneurs installés dans la cité-Etat. Six d’entre eux ont accepté de jouer le jeu. « Sur un marché de l’art émergent comme Singapour, les collectionneurs ont un rôle à jouer pour expliquer ce que cela signifie de collectionner explique Lorenzo Rudolf. Ils ont une responsabilité aussi pour soutenir le marché ici ».

Si les grands collectionneurs singapouriens ne viennent pas faire leurs emplettes à Art Stage, ceux de la région, principalement d’Indonésie et de Malaisie font le déplacement. Mobilisés depuis l’édition inaugurale d’Art Stage Jakarta en août dernier, les collectionneurs indonésiens sont ainsi venus plus nombreux cette année à Singapour.

Alors que la plupart des galeries ont observé un ralentissement de l’activité par rapport à l’année dernière avec des collectionneurs plus frileux, certaines se sont néanmoins dites satisfaites des ventes réalisées. Comme la galerie Gajah, spécialisé en art contemporain indonésien qui dès le soir du vernissage avait cédé à un collectionneur de l’archipel un diptyque de l’artiste Rudi Mantofani pour 263 000 euros ou encore un tableau de Ashley Bickerton, artiste américain installé à Bali, pour 150 000 euros. Bons résultats également pour Richard Koh, de la galerie éponyme présente à Singapour et à Kuala Lumpur, qui participe à Art Stage depuis ses débuts et qui présentait des artistes malaisiens, émergents et confirmés ainsi qu’une jeune artiste singapourienne Melissa Tan. « Sans cette foire, il n’y a pas de marché en Asie du sud-est explique t-il. Nous devons jouer collectif ». La galerie Tang Contemporary implantée à Beijing, Hong-Kong et Bangkok a notamment vendu deux installations d’Ai Weiwei pour 100 000 euros chacune.

Les galeries présentant des artistes émergents de la région ont également rencontré un certain succès comme la galerie australienne Sullivan Strumpf installée à Singapour avec le jeune indonésien Irfan Hendrian ou encore la galerie Gajah avec l’artiste indonésien Erizal As de 35 ans présenté pour la première fois à Art Stage.

D’autres galeries ont quant à elles dû attendre les toutes dernières heures avant de réaliser des ventes significatives. C’est le cas de la galerie Paris-Beijing qui a vendu à une heure seulement de la fermeture de la foire une œuvre majeure du photographe chinois Yang Yongliang pour 136 000 euros. explique Geoffroy Dubois, le directeur de la galerie.

L’intérêt de la foire également résidait cette année dans le concept de « forum » initié l’année dernière. Articulé autour d’une partie exposition et d’une partie conférence, le forum avait pour thème le capitalisme. Des vidéos du jeune cinéaste singapourien Kent Chan ou du Cambodgien Svay Sareth aux installations du photographe indonésien Jim Allen Abel ou à la performance de l’artiste philippin Carlos Celdran, c’est au total plus de 23 oeuvres qui ont été présentées révélant le dynamisme et le talent de la jeune génération d’une région encore trop largement sous représentée.

Alors rendez-vous en 2018 ? « Je ne vais pas renoncer à Singapour si facilement mais je pense que c’est le format qu’il faudrait revoir, peut-être réfléchir à autre chose qu’une foire classique » explique Lorenzo Rudolf.

Légende photo

Art Stage Singapore, 2016 - courtesy photo Art Stage

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