Matisse, 22 – Picasso, 29

Un incroyable florilège d’œuvres des deux géants de l’art moderne

Par Itzhak Goldberg · Le Journal des Arts

Le 8 novembre 2016 - 392 mots

La liste des œuvres d’art moderne de la collection Chtchoukine exposée à la Fondation Vuitton est pléthorique : 22 Matisse, 29 Picasso, mais aussi un grand nombre de tableaux de Georges Braque ou André Derain – pour rester dans le domaine français que Chtchoukine admirait.

Le parti pris adopté pour les exposer est de nature hybride, avec des ensembles qui, d’une part mettent en scène Matisse et Picasso, d’autre part s’organisent autour d’un thème ou d’une problématique.
Au premier étage, deux salles, réunissant les « Paysages impressions » et « Paysages constructions », proposent une comparaison éclairante entre Monet chez qui « tout coule, tout est dilué », et Picasso chez qui « tout est solidifié », comme le remarquait en 1914 déjà le critique d’art Yakov Tugenhold. Avec beaucoup de perspicacité, il ajoutait : « Monet transmue la cathédrale de Rouen en poussière, Picasso condense les nuages en tas de pierres. » Picasso mais aussi Braque et Derain, qui métamorphosent l’organique en minéral avec des paysages transformés en structures géométriques puissantes, formées de « blocs » encastrés les uns dans les autres. (Derain, Anciens quartiers de Cagnes, 1910 ; Picasso, Une Maisonnette dans un jardin, 1908). On s’interroge toutefois sur la présence du Douanier Rousseau dans cette section dont les paysages sont certes construits, mais à partir de son imagination.
Deux autres salles abritent des trésors, l’une consacrée à Picasso et l’autre à Matisse ; à la brutalité crue du peintre espagnol pour les Trois Femmes de la période africaine (1908), répond plus loin un déluge de couleurs chez Matisse autour de L’Atelier rose (1911).

Prêts venus d’ailleurs
Le visiteur ne doit pour autant pas faire l’impasse sur la dernière partie de l’exposition où, sous le titre Les Quatre Dimensions – sur lesquelles ont fantasmé les créateurs de cette génération –, on peut voir le fameux Carré noir de Malevitch (la version de 1923), le splendide Lumière rouge. Composition sphérique d’Ivan Klioune (1923) ou encore les pionnières Alexandra Exter, Natalia Goncharova, Liubov Popova ou Olga Rozanova. Un autre art commence, selon le titre du dernier chapitre : « Les prototypes de la nouvelle peinture ». Il est cependant étonnant que le spectateur ne soit pas informé que la quasi-totalité des œuvres de cette section ne vient pas de chez Chtchoukine mais qu’elles sont des prêts en provenance de différents musées et collections.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°467 du 11 novembre 2016, avec le titre suivant : Matisse, 22 – Picasso, 29

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