Art ancien

XVIIIE SIÈCLE

Les Tiepolo au complet

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 4 juin 2024 - 369 mots

Les Beaux-Arts de Paris retracent la généalogie d’une famille d’artistes du XVIIIe siècle grâce à sa belle collection de dessins.

Giandomenico Tiepolo, Idee pittoresche sopra la fugga in Egitto, vers 1750-1753, eau-forte. © Beaux-Arts de Paris
Giandomenico Tiepolo (1727-1804), Idee pittoresche sopra la fugga in Egitto, vers 1750-1753, eau-forte.
© Beaux-Arts de Paris

Paris. Le père, les deux fils, et même l’apprenti : le cabinet de dessins des Beaux-Arts permet ce luxe rare d’offrir un portrait de la famille Tiepolo au complet. L’exposition « Les Tiepolo, invention et virtuosité à Venise » traverse ainsi le XVIIIe siècle d’une génération à l’autre, démontrant la continuité artistique de cette dynastie d’artistes vénitiens.

Giambattista Tiepolo (1696-1770) est au cœur de ce petit parcours : la collection des Beaux-Arts conserve le deuxième plus grand ensemble de dessins du patriarche en France. Une petite dizaine de feuilles seulement, mais à la qualité exceptionnelle, comme les deux Sainte Famille qui semblent couler d’un seul trait virtuose, dans une exécution que l’on imagine aussi rapide que magistrale. Quelle valeur accordait-il à ces dessins autonomes, et qu’il ne destine pas au marché des collectionneurs ? Les deux commissaires, Hélène Gasnault et Giulia Longo, y voient un « testament artistique » qu’il confiera à son troisième fils rentré dans les ordres, Giuseppe Maria, avant son départ en Espagne. L’héritage de Giambattista survit dans ce trésor aujourd’hui dispersé dans les grandes institutions européennes, mais aussi à travers ses deux autres fils, Giandomenico (1727-1804) et Lorenzo (1736-1776). La réunion des trois artistes ouvre les portes d’un atelier dont on devine les pratiques et les échanges par un regard comparatif. Le cabinet des dessins est devenu il y a quelques mois « le cabinet des dessins et des estampes – Jean Bonna », intégrant 200 000 œuvres imprimées au corpus dessiné. Les Tiepolo montrent la pertinence de ce rapprochement par l’exposition des feuilles griffonnées du père avec les gravures de Giandomenico : ce dernier utilise l’estampe notamment pour faire revivre les grands cycles peints de son père, dans une approche quasi patrimoniale.

Dans un autre cycle de gravure, le frère aîné répond directement aux critiques sur son manque de créativité et propose douze inventions iconographiques autour du même thème, la Fuite en Égypte. Invention toujours lorsque Giandomenico imagine, au crayon cette fois, la vie quotidienne d’une famille de satyre. Créatifs, pleins d’humour et virtuoses, en noir et blanc, les Tiepolo contrarient l’image de peintres décorateurs stéréotypés qui leur est accolée.

Giovanni Battista Tiepolo, Les Polichinelles faisant la cuisine, vers 1735, plume, encre brune et lavis brun. © Beaux-Arts de Paris
Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770), Les Polichinelles faisant la cuisine, vers 1735, plume, encre brune et lavis brun.
Photo Beaux-Arts de Paris
Les Tiepolo, invention et virtuosité à Venise,
jusqu’au 30 juin, Beaux-Arts de Paris, Cabinet des dessins et des estampes – Jean Bonna, 14, rue Bonaparte, 75006 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°634 du 24 mai 2024, avec le titre suivant : Les Tiepolo au complet

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