La France à Alger

La vérité de l’histoire

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 26 août 2009 - 353 mots

Alger à Malibu. La casbah chez Richard Meier, l’architecte du Getty Center. Qui l’aurait jamais imaginé ? Seul, le Getty Research Institute, l’antenne de l’illustre institution californienne consacrée à toutes sortes de recherches sur les sujets les plus variés, en était capable. Il l’a fait.

Il faut dire que la bibliothèque du GRI possède quelque mille trois cents photos et plus de l’Algérie du XIXe siècle, l’un des fonds les plus importants d’Amérique du Nord. Il est donc tout à fait pertinent d’y trouver une exposition sur le thème « Murs d’Alger, histoires de la ville ».
Nommé voilà deux ans à la tête de cette institution, l’Allemand Thomas Gaehtgens, le plus francophile des historiens de l’art allemands, y est évidemment aussi pour beaucoup. S’intéressant plus particulièrement à l’aspect architectural d’une ville qui a connu – voire souffert – du dualisme entre héritage musulman et aventure coloniale, l’exposition rassemble toute une masse de documents passionnants. À travers eux, elle permet de prendre la mesure des méfaits d’un colonialisme autoritaire qui visait à transformer une ville orientale sur le modèle haussmannien. En détruisant certaines mosquées considérées comme des joyaux historiques. En traçant des axes majeurs au détriment d’un existant local.
Ces documents montrent encore comment les Français ont sans aucune vergogne forcé les habitants à quitter leurs maisons pour y établir leurs lieux de référence : casernes, musées, églises, librairies… Non seulement racontée par des images, mais contée par des enregistrements sonores – de la romancière Assia Djebar – et des lectures, extraits de romans et de poèmes – de Sartre entre autres –, la ville d’Alger apparaît comme le lieu carrefour de communautés très diverses.
Invité à intervenir dans le cadre de l’exposition, l’artiste américain Dennis Adams a imaginé un montage composé d’images tirées d’À bout de souffle de Godard (1960) et de La Bataille d’Alger, le film de Pontecorvo interdit à sa sortie en 1966. Alger à Malibu ou la vérité de l’histoire.

« Murs d’Alger, histoires de la ville », Getty Center, the Getty Research Institute, 1200 Getty Center Drive, Suite 1100, Los Angeles, Californie (États-Unis), www.getty.edu/research/institute, jusqu’au 18 octobre 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°616 du 1 septembre 2009, avec le titre suivant : La France à Alger

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