Espagne - Collectionneurs

XXE-XXIE SIÈCLE

Des artistes et leurs collections d’arts extra-occidentaux

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · Le Journal des Arts

Le 27 janvier 2023 - 475 mots

Au CaixaForum barcelonais, les œuvres de dix artistes sont mises en regard de leur collection personnelle, souvent constituée d’objets d’art africain ou asiatique, source d’inspiration pour leur propre création.

Barcelone. Au centre culturel CaixaForum, les œuvres de Rosa Amorós, Miquel Barceló, Georg Baselitz, Luis Feito, Joan Hernández Pijuan, Manolo Millares, Joan Miró, Susana Solano, Hiroshi Sugimoto et Antoni Tàpies, issues principalement de la collection de la fondation La Caixa, sont présentées aux côtés des objets d’art extra-occidentaux provenant des collections privées de ces mêmes artistes.

L’exposition est pensée comme une « archéologie d’artistes ». Les objets collectés par chacun d’entre eux deviennent les matériaux de la mémoire des œuvres, l’inspiration extra-occidentale première y transparaît. Sous un éclairage tamisé, ces objets de curiosité, masques, statuettes et autres artefacts sont pour la première fois montrés au public, dans une scénographie conçue à la manière d’un musée anthropologique. Les collections de ces artistes ne sont pas surprenantes sur la forme, car les cubistes, et bien d’autres créateurs par la suite, s’étaient intéressés avant eux à l’art africain. Néanmoins, chaque ensemble est remarquable par son originalité, qui reflète un imaginaire particulier et livre une part biographique de l’artiste par le biais de ses affinités culturelles et esthétiques.

Collections diversifiées

En début de parcours, une section consacrée à Barceló dévoile deux de ses grands formats. Dans Tabula dibujada figurent les crânes d’animaux issus de sa collection, accrochés sur le mur voisin. L’œuvre renvoie à l’atelier du peintre où sont exposés lesdits objets, à la fois lieu de création et « cabinet de curiosité ». Luis Feito a fait, lui, le choix d’une collection diversifiée : masques africains côtoient minéraux, figures religieuses orientales et objets d’art inuit. Les collections de Pijuan et de Solano suivent une dynamique similaire, les objets du premier étant issus de cultures océaniques, aborigènes australiennes et africaines, jusqu’aux archéologies chinoises et phéniciennes, tandis que Solano a constitué sa collection au fil de ses différents voyages dans le monde. Dans le cas de Baselitz, dont le propos est moins développé par l’exposition, l’art africain oriental prime.

Cultures préhispanique, bouddhiste…

Les sections dévolues à Tàpies et Miró sont voisines, avec une préférence accordée pour Tàpies aux arts orientaux, dont les formes se devinent dans ses œuvres, notamment la calligraphie zen japonaise dans la toile Gris avec tracés noirs (1955), et, concernant Miró, un intérêt pour les poupées Kachinas des peuples indiens.

Les collections de Millares et de Sugimoto sont plus surprenantes. Millares s’intéresse aux artefacts de la culture préhispanique des Canaries, tandis que les photographies de Sugimoto sont pensées selon les principes de la tradition bouddhiste japonaise.

En fin de parcours l’imposante installation Pathosformeln de Rosa Amorós associe création et collection. Son étagère monumentale, constituée d’un ensemble d’objets aussi divers que des masques de bois, des céramiques et des objets préhistoriques et de cultures extra-occidentales, inclut en effet trois sculptures de pierre de l’artiste.

Dioses, magos y sabios. Las colecciones privadas de los artistas,
jusqu’au 2 avril, CaixaForum, av. de Francesc Ferrer y Guàrdia 6-8, Barcelone.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°603 du 20 janvier 2023, avec le titre suivant : Des artistes et leurs collections d’arts extra-occidentaux

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