Venise, Documenta, Münster, les grands-messes estivales

Pour la première fois, trois événements majeurs coïncident : la Biennale de Venise, la Documenta de Cassel et le Skulptur. Projekte de Münster. Avec des articles retraçant l’historique des manifestations, d’autres présentant les projets des commissaires et ceux des artistes invités, mais aussi des informations pratiques pour faciliter vos visites, nous consacrons huit pages à cet été exceptionnel pour l’art contemporain. En cette fin de ce siècle, tout se passe comme s’il s’agissait de se libérer du passé récent et d’apurer les comptes avant inventaire. Germano Celant met la 47e Bien­nale de Venise à l’ensei­gne de \"Futur-Présent-Passé\", traduction politique et optimiste du sentiment d’être parvenu à un moment charnière, plus largement dominé par les incertitudes que par les convictions. Le néologisme incantatoire de Catherine David, directrice de la Xe Docu­menta, \"rétro-perspective\", va dans le même sens. Le Skulptur. Projekte de Münster, dont c’est seulement la troisième édition depuis 1977, se présente, lui, sous un jour différent. Loin des grandes synthèses et des visions panoramiques, il met l’accent sur la dimension concrète de l’art et sur les conditions de son inscription au cœur de la cité. Les visiteurs découvrent à bicyclette le parcours des sculptures installées dans la ville. Il est évidemment impossible de préjuger de l’intérêt de ces différentes expositions, dont certaines sont préparées de longue main et d’autres presque totalement improvisées. Nous y reviendrons dans nos prochains numéros. La précautionneuse mise en perspective culturelle et politique dont elles font aujourd’hui l’objet ne risque-t-elle pas de les conforter dans leur fonction spectaculaire, en les privant dans le même temps du rôle de laboratoire qui faisait tout leur prix il y a quelques années ?