Deux commissaires russes poursuivis pour blasphème

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 12 juillet 2010 - 314 mots

MOSCOU (RUSSIE) [12.07.10] – Les deux commissaires russes qui risquent trois ans de prison pour incitation à la haine ethnique et religieuse dans le cadre d’une exposition d’art contemporain dénoncent un procès politique et redoutent le retour de la censure artistique.

Youri Samadourov et Andreï Erofeïev, les deux conservateurs et commissaires d’une exposition d’art contemporain qui s’est tenue au Musée Sakharov à Moscou en mai 2007, poursuivis par un mouvement ultra-orthodoxe pour incitation à la haine religieuse et ethnique ainsi que pour blasphème ont dénoncé un procès politique « contraire à la justice démocratique », a déclaré Erofeev à l’Associated Press.

Pour Samadourov, le procès traduit une volonté de l’Eglise orthodoxe russe et du gouvernement de resserrer son contrôle sur la société. Une Eglise et plus précisément certains de ses mouvements ultra qui a vu son influence croître depuis la chute du régime soviétique. Ce n’est pas la première fois que les ultra-orthodoxes attaquent Samadourov. En 2005, ce dernier a été condamné à une amende pour des faits similaires relatifs à une exposition organisée en 2003 intitulée « Attention, religion ! ». Certains militants avaient même endommagé des œuvres d’art.

Les accusés ainsi que leurs défenseurs – des groupes d’artistes et des associations de défense de droits de l’homme – craignent un retour en force de la censure en art et que le pays ne bascule dans une « situation classique d’un parti fasciste hostile à la culture contemporaine » a déclaré un des accusés au New York Times. A la différence notable que dans ce cas de figure, les attaques et la censure ne viennent pas de l’Etat, mais de la société elle-même ce qui est d’autant plus inquiétant selon Erofeïev.

Néanmoins, il faut se garder de coller une image trop conservatrice et inquisitrice de l’Eglise orthodoxe qui soutient également des manifestations artistiques contemporaines et dont certains membres dénoncent la sévérité du parquet.

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