Architecture

Novartis à Bâle

La Suisse architecturale

Par Gilles de Bure · Le Journal des Arts

Le 30 mars 2010 - 510 mots

La société civile suisse, on l’a vu, est violemment opposée à l’érection de minarets sur son territoire...
Les sociétés privées suisses, en revanche, s’en donnent à cœur joie en matière d’architecture contemporaine.

On connaît l’exemplaire démonstration faite par la société bâloise Vitra qui a permis à nombre d’architectes internationaux de se confronter les uns aux autres sur son site de Weil-am-Rhein, en Allemagne. Là-bas, Tadao Ando, Frank O. Gehry, Nicholas Grimshaw, Zaha Hadid et Alvaro Siza y ont édifié centre de conférences, musée, usines, caserne de pompiers...

On se souvient du tout récent « Rolex Learning Center » imaginé par les Japonais du groupe SANAA pour l’École polytechnique fédérale de Lausanne (lire le JdA no 318, 5 février 2010, p. 12)...

Novartis, le géant pharmaceutique, n’est pas en reste qui continue d’ériger sur le « campus Novartis », à Bâle, ce qu’il se défend d’appeler un « musée d’architecture en plein air ».

Né en 1996, de la fusion de Sandoz et de Ciba-Geigy, Novartis décide de réunir en un seul lieu des activités et des implantations éparpillées, se portant acquéreur d’un terrain d’une superficie de 20 hectares, le site de St. Johann, en bordure du Rhin et proche de la frontière française.

Décision est alors prise d’en faire « une ville dans la ville ». Mission est confiée à l’architecte milanais Vittorio Magnago Lampugnani d’en établir le plan-masse, d’en créer les réseaux de circulation et de voiries, tout en respectant les normes environnementales strictes. Quelques constructions éparses existaient sur le site, certaines étant appelées à disparaître, d’autres devaient être réhabilitées.
Très vite, le chantier démarre, avec pour objectif la construction d’une vingtaine de bâtiments.

Bâtiments dont la valeur architecturale se doublera d’un soin extrême apporté aux aménagements intérieurs, ne devant pas dépasser 22 mètres de hauteur et dont les rez-de-chaussée seront tous affectés aux activités communes, cafés, restaurants et commerces.

Commence alors la ronde des grandes signatures : Ando, David Chipperfield, Gehry, Rafael Moneo et SANAA, soit deux Japonais, un Britannique, un Américain et un Espagnol. La mondialisation architecturale va ainsi bon train. En attendant, bientôt, les Suisses Herzog & de Meuron et le Hollandais Rem Koolhaas, alignés eux aussi au fil de la Fabrikstraße, qui est l’axe central, long de 600 mètres, du campus Novartis.

À terme, le campus Novartis accueillera plus de 10 000 personnes, pour leur grande majorité des chercheurs. Et cette petite ville dans la ville a justement été programmée pour « séduire et retenir les meilleurs chercheurs ». L’idée étant que la créativité architecturale stimulera nécessairement la créativité des chercheurs. Un souci d’efficacité et de rentabilité justifié par le fait que la création d’un nouveau produit s’étale sur dix ans et mobilise 3 000 personnes.

Évidemment, le campus Novartis est privé et non accessible à la visite impromptue. N’y pénètrent, officiellement, que ceux qui y travaillent ou y sont invités. Il n’empêche, en 2009, 16 000 visiteurs y ont été accueillis. Avec en point focal le gigantesque diamant de verre serti d’acier, signé Frank O. Gehry, et dont la forme tourmentée attire irrésistiblement l’œil.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°322 du 2 avril 2010, avec le titre suivant : Novartis à Bâle

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