L’arbre, le maire et la médiathèque

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 24 mars 2020 - 408 mots

Pélissanne -  On ne résiste pas à l’envie de paraphraser le titre de ce subtil film d’Éric Rohmer, tant le projet signé par Dominique Coulon colle au plus près de l’intitulé de cette comédie de mœurs sortie sur les écrans en 1993.
Cette fois, ce n’est plus la Vendée qui fait office de toile de fond, mais la Provence. Nous sommes à Pélissanne, commune de 10 000 habitants, dans les Bouches-du-Rhône. Porté avec ferveur par son maire – dixit l’architecte –, le projet, une médiathèque donc, est bicéphale. D’un côté, il consiste en la rénovation d’un élégant hôtel particulier de deux étages, la maison Maureau, planté dans le parc éponyme. De l’autre, il développe une extension nouvelle au cœur dudit parc, en prenant soin de respecter l’intégrité de ce dernier. L’ensemble, d’une surface totale de 1 000 m2, accueille aujourd’hui quelque 30 000 documents. Coût des travaux : 3,34 millions d’euros HT.D’emblée, devant l’entrée principale située dans le parc, l’arbre, un platane quadricentenaire en costume de camouflage, s’impose en majesté. La façade de l’aile neuve semble d’ailleurs lui faire une révérence, se déployant à bonne distance de la respectable essence, système racinaire oblige.La verticalité du bâtiment historique le dispute à l’horizontalité de l’extension contemporaine. Ayant fait l’objet d’une réhabilitation minutieuse, la maison Maureau conserve sa structure spatiale en enfilade. Les plafonds à caissons et/ou à stuc ont, eux aussi, été préservés grâce à des « sur-planchers » sophistiqués permettant d’augmenter la surcharge exigée pour ce type d’équipement, en l’occurrence : 600 kg/m2.Le nouvel édifice, lui, comporte, sur deux niveaux, de vastes espaces de consultation flexibles, habillés de parquets en chêne blanchi brut. Histoire de mieux se fondre encore au milieu des nuances ocre environnantes, le béton rugueux de sa façade est truffé d’agrégats d’un matériau on ne peut plus local : la pierre de Rognes. Au rez-de-chaussée, un exploit technique permet aux lecteurs de s’immerger à l’envi dans la végétation alentour : une gigantesque poutre d’une portée de 33 mètres de long – et 4,60 de haut ! – libère, en effet, une immense fenêtre oblongue. En cas de trop fort soleil, un rideau mobile peut même isoler la section dite « informatique ». Baigné de lumière naturelle grâce à quatre larges et profonds puits de… lumière, l’étage, lui, s’oriente de plein gré vers la paroi vitrée tout en courbe et, au-delà, vers l’auguste platane. Une splendide invitation à la lecture (Marguerite Duras, Des journées entières dans les arbres), sinon à la rêverie.
À savoir
Basée à Strasbourg, l’agence Dominique Coulon & Associés œuvre, depuis 25 ans, à de nombreux projets différents : logement, salle de spectacle, école de musique, piscine, Ehpad, équipement sportif, groupe scolaire ou… médiathèque. Elle a été nommée plusieurs fois au palmarès de l’Équerre d’argent, ainsi qu’au prix d’architecture contemporaine de l’Union européenne - Mies Van der Rohe. www.coulon-architecte.fr.
À voir
Médiathèque municipale Pierre Bottero, 4, rue de la République, Pélissanne (13).

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°733 du 1 avril 2020, avec le titre suivant : L’arbre, le maire et la médiathèque

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