Figuratif ou abstrait ? Un débat d’un autre temps…

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 22 janvier 2015 - 413 mots

En des temps où le virtuel gouverne notre existence, il y a plus que jamais une totale porosité entre le figuré et l’abstrait.

Il y eut jadis la querelle des Anciens et des Modernes. Il y eut celle des tenants du dessin et des thuriféraires de la peinture. Avec le XXe siècle, le débat s’est déplacé entre les défenseurs de la figuration et ceux de l’abstraction. Poser la question de savoir si la distinction entre abstrait et figuratif est toujours de saison n’a pas de sens. Au même titre que vouloir opposer les Anciens et les Modernes, la peinture et le dessin. Toute œuvre d’art est une production intellectuelle, donc abstraite – comme l’entend ici même Claudine Tiercelin. Non seulement c’est une production de l’esprit, mais le propre de la peinture est de s’informer sur une surface à deux dimensions et de n’être avant toute autre chose que simplement cela.

La fin du XIXe siècle est préoccupée à libérer les couleurs de l’autorité de la représentation comme en témoigne Le Christ jaune que Gauguin peint en 1889. Ce faisant, l’artiste revendique « le droit de tout oser » pour mieux asseoir la liberté qu’il prend eu égard à un sujet cliché d’une histoire de l’art qu’il veut remettre en question. Curieusement, il semble impertinent de dire de ce tableau qu’il est abstrait. Et pourtant… À l’inverse, L’Arc noir de Kandinsky, peint en 1912, est considéré comme le premier tableau abstrait alors qu’il n’en présente pas moins tout un jeu de figures géométriques nommables (à preuve, le titre même du tableau). C’est dire si les concepts d’abstraction et de figuration sont loin d’être clairement définis et qu’il vaudrait peut-être mieux parler de figuration et de défiguration, pour ce que finalement toute peinture s’origine à la source d’un savoir, sinon d’un vécu, donc d’une donnée cognitive, éprouvée, que le peintre traite à sa façon, dans tous les cas sur un mode abstrait, au premier sens du mot.

Abstrait/figuratif… le débat est sans fin. Dans un monde dont les repères sont sans cesse bousculés, à une époque qui revendique l’idée de métissage et qui a fait de l’hybride un vecteur dominant, il apparaît d’autant moins pertinent de vouloir séparer l’un de l’autre. La peinture a toujours été le lieu de résonance du monde extérieur, elle est naturellement traversée de ce qui l’anime, le constitue et le caractérise. En des temps où le virtuel gouverne notre existence, il y a plus que jamais une totale porosité entre le figuré et l’abstrait.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : Figuratif ou abstrait ? Un débat d’un autre temps…

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