Émile Youmbi - Artiste

L’artiste n’est pas exclusivement tourné vers l’Afrique, toutefois la tradition constitue un axe important de son travail, depuis qu’il s’est partagé le monde avec ses camarades du Club d’arts plastiques à l’université de Yaoundé. À une époque où les écoles d’art n’existent pas encore, ce club signe l’acte de naissance artistique d’Émile Youmbi. Celui-ci a certes fait ses premières armes au lycée, en reproduisant les illustrations de son agenda – sa toute première gouache fut la reproduction d’un paysage au buisson – et celles du Robert illustré, grâce auquel il s’est initié à l’histoire de l’art, mais c’est à l’université qu’il passe des nuits entières à boire du café et à peindre ; là, encore, qu’il acquiert le titre de « maître de la couleur » ; là, toujours, qu’il fonde avec Goddy Leye et d’autres le groupe Prim’art. Dans un pays où l’art contemporain compte peu, Youmbi tente difficilement d’exposer son travail, d’abord au Goethe Institute et en intervenant sur les marchés, au plus près de la population. Avec d’autres, il sensibilise les premiers critiques à l’art avant de former la génération suivante d’artistes, à l’Institut des beaux-arts de Nkonsamba, entre 2013 et 2020. Reconnu par ses pairs au pays comme à l’étranger, Émile Youmbi a récemment présenté une série d’œuvres sur le thème des expressions bamilékés au Cipca (Yaoundé). « Quand le bois qui nourrit le feu s’éteint, on le remplace immédiatement », dit l’un d’eux. Celui d’Émile Youmbi se nourrit, lui, de couleurs.