Liban - Art contemporain - Disparition

Disparition de la sculptrice Mona Saudi

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · lejournaldesarts.fr

Le 22 février 2022 - 369 mots

BEYROUTH / LIBAN

Figure majeure du modernisme arabe, l’artiste est décédée le 16 février dernier dans sa maison-atelier de Beyrouth.

Mona Saudi, à côté de sa sculpture Géométrie de l'esprit, en 1987, sur l'esplanade de l'Institut du monde arabe. © IMA
Mona Saudi, à côté de sa sculpture Géométrie de l'esprit, en 1987, sur l'esplanade de l'Institut du monde arabe.
© IMA

Auteure de sculptures abstraites exposées dans le monde entier, la sculptrice Mona Saudi s’est éteinte à l’âge de 76 ans. Née en 1945 à Amman en Jordanie, elle passe son enfance dans un quartier situé à proximité du Nymphaeum, d’anciens bains publics romains, faisant naître en elle un profond intérêt pour le patrimoine artistique ancien, qui sera une source d’inspiration majeure pour ses sculptures. À 17 ans, elle fuit son pays et s’installe à Beyrouth, alors capitale artistique arabe en plein essor, avant d’étudier la sculpture à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris jusqu’en 1973. 

Mona Saudi ciselait et ponçait le jade, le marbre jordanien ou le calcaire, afin de suggérer les stries et les grains des différentes pierres utilisées. Formellement, ses œuvres se caractérisent par des lignes souples et des surfaces épurées, avec des motifs empruntés à d’anciennes civilisations du Levant, comme les Ammonites, les Édomites et les Nabatéens, qui réalisèrent des gravures sur pierre en Jordanie.

Elle sculpte sa première œuvre, Mother/Earth, en 1965, inspirée par le développement de camps de réfugiés palestiniens à Amman. Mais son art « ne reflète pas les événements politiques temporaires », dit-elle, car elle « n’aime pas l’art direct et expressif », rapportait The National en 2018. Ses œuvres les plus connues, comme Growth (2002), sculptée dans du jade jordanien, évoquent plus souvent les notions de croissance, de fertilité et de corps, suggérées par des compositions de formes géométriques.

Sa première grande rétrospective a eu lieu en 1995, à Darat al Funun à Amman. En 2018, une exposition lui était dédiée aux Mosaic Rooms de Londres. Plus récemment, ses œuvres ont été montrées dans l’exposition collective « Lumières du Liban », présentée à l’Institut du Monde Arabe (IMA), à Paris, fin 2021. 

Ses sculptures sont conservées dans les collections de grandes institutions comme la Sharjah Art Foundation, le British Museum de Londres ou le National Museum of Women in the Arts de Washington. Son œuvre monumentale, Géométrie de l’esprit, sculptée dans de grandes dalles de marbre blanc, a été offerte par la Jordanie à l’IMA en 1987 et est érigée depuis lors, sur l’esplanade de l’édifice.  

Tous les articles dans Création

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque