The Artificial Nature Project

Matières premières

Par Céline Piettre · L'ŒIL

Le 9 novembre 2012 - 399 mots

Dans un théâtre où le danseur ne serait plus au centre de la scène, la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen distribue les premiers rôles à la matière. Éminemment plastique…

The Artificial Nature Project est d’abord un paysage sans corps. Calme ou orageux. Un théâtre de matières en perpétuelle transformation. Cumulonimbus de confettis, vagues de brume venant inonder la scène, essaims d’écume moussante, bâches froissées, brillantes comme des couvertures de survie. Sensible et poétique. La création de la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen invente une nature au sens large, synthétique. Faite d’objets et de gestes. Les matières, protagonistes principales de la pièce, sont bientôt rejointes sur scène par huit danseurs – dont Maud Le Pladec, qui présentait son spectacle au Centre Pompidou en septembre. Elles interagissent avec l’humain. L’animé et l’inanimé dialoguent, composent un corps hybride. Donnent lieu à une nouvelle forme de chorégraphie.

The Artificial Nature Project parvient à être à la fois sensuel – par sa plasticité – et conceptuel, en cela qu’il pose la question (radicale) d’un théâtre où le danseur ne serait pas au centre. Une recherche commencée avec le projet Evaporated Landscapes en 2009, et avant sur les bancs de l’école bruxelloise PARTS (dirigée par Anne Teresa De Keersmaeker), de laquelle Mette Ingvartsen sort diplômée en 2004. D’un point de vue formel, la pièce a évidemment des précédents : la sculpture de papier de Parades and Changes d’Anna Halprin (1965), la petite robe dansante de Christian Rizzo (100 % polyester, 2000), le Soapéra de Mathilde Monnier (2010), léger comme un bain moussant. Mais elle s’en éloigne par une inscription dans l’actualité. Sans être une allégorie pure et dure, The Artificial Nature Project évoque les catastrophes naturelles, à travers ses mouvements sismiques, imprévisibles et menaçants.

« À force de vouloir contrôler les matières, on génère nous-mêmes nos problèmes », explique la chorégraphe. On pense à Fukushima, aux OGM, à toutes sortes de désastres écologiques qui viennent sur la scène sans y avoir été clairement invités. Mais s’obstinent et nous hantent. Entre deux rêveries pailletées.

Quoi ?
The Artificial Nature Project. Avec : Franziska Aigner, Ehud Darash, Sidney Leoni, Martin Lervik, Maud Le Pladec, Guillem Mont De Palol, Manon Santkin, Christine De Schmedt.

Où ?
Centre Pompidou (niveau -1).

Quand ?
Du 28 novembre au 1er décembre à 20 h 30 (et les 31 janvier et 1er février 2013 à la Maison de la culture d’Amiens).

Comment ?
billetterie.festival-automne.com/

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°652 du 1 décembre 2012, avec le titre suivant : The Artificial Nature Project

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