Affaire Gurlitt : 22 nouvelles œuvres retrouvées

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · lejournaldesarts.fr

Le 12 novembre 2013 - 622 mots

BERLIN (ALLEMAGNE) [12.11.13] - La police criminelle déclare avoir mis en sûreté 22 nouvelles œuvres liées à l’affaire Gurlitt. Cette annonce intervient alors que les autorités allemandes, un peu dépassées, tentent de jouer la transparence.

La police criminelle du Land de Bade-Wurtemberg a déclaré avoir récupéré et mis en sûreté samedi 9 novembre vingt-deux nouvelles œuvres liées au trésor de biens spoliés par les nazis découvert à Munich en février en 2012. « Un citoyen de Kornwestheim a demandé de l’aide à la police de Ludwisbourg. Il a déclaré conserver à son domicile vingt-deux œuvres de valeur, dont une partie est en lien avec les œuvres trouvées à Munich », a déclaré la police criminelle dans un communiqué. Le citoyen, selon Bild, un tabloïd allemand, pourrait être Nikolaus Frässle, veuf de Benita Frässle-Gurlitt, la sœur de Cornelius Gurlitt. Craignant pour la sécurité des œuvres en raison de la large publicité qui a été donnée à l’affaire, il s’est présenté de lui-même à la police, qui précise qu’actuellement le citoyen en question ne fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire. Le parquet d’Augsburg avait pourtant déclaré la semaine passée qu’il était hautement improbable qu’une autre cache d’œuvres existe.

D’autre part, suite aux protestations internationales sur le secret qui entoure l’enquête, et qui selon plusieurs observateurs est contraire à la Déclaration de Washington de 1998, le ministre de la Culture Bernd Neumann a dû réagir (tardivement) vendredi 8 novembre par l’intermédiaire de son porte-parole. Il a réclamé au parquet d’Augsburg la publication d’une première liste d’œuvres, afin d’aider les recherches sur la provenance. Dans une réponse publique au Ministre, le parquet avoue être clairement dépassé par les événements.

En parallèle, suite à une réunion conjointe entre le ministère public de Bavière, le gouvernement du Land de Bavière, et le gouvernement fédéral, une taskforce de six experts a été constituée, sous la houlette d’Ingeborg Berggreen-Merkel, en vue d’accélérer les recherches sur la provenance. Cette taskforce dépendra des musées d’Etat de Berlin, qui ont mis en place en 2008 un groupe de travail dédié aux recherches sur la provenance des biens spoliés par les nazis. C’était d’ailleurs un des plus grands succès de Bernd Neumann, pour qui mettre la lumière sur la provenance était un cheval de bataille. Les musées d’Etat de Berlin ont également mis en ligne en septembre 2013 une banque de données recensant toutes les ventes aux enchères allemandes entre 1930 et 1945 en Allemagne, Suisse et Autriche. Cette banque de donnée est accessible gratuitement au public depuis les universités d’Heidelberg et aux Etats-Unis via la fondation Getty. Une fois encore, l’idée est de faciliter les recherches sur la provenance des oeuvres.

Alors que le président du Congrès juif mondial, Robert S. Lauder a demandé une publication immédiate des 1406 œuvres retrouvées à Munich, le gouvernement allemand a mis en ligne le 11 novembre un site dédié : www.lostart.de. Malgré plusieurs essais, nous n’avons cependant toujours pas réussi à accéder à ce site qui semble rencontrer des problèmes techniques. Une liste de vingt-cinq œuvres sera dans un premier temps publiée.

Enfin des précisions ont été apportées sur la provenance des 1406 œuvres, 970 œuvres seraient d’origine douteuse. Environ 380 œuvres proviendraient du domaine « Art dégénéré », les biens confisqués aux institutions allemandes en 1937, dont le commerce n’est toujours pas illégal. Selon les experts, les musées ont légalement peu de chance de récupérer ces tableaux. La provenance de 590 autres œuvres doit être vérifiée, pour établir si ces œuvres ont été acquises sous la contrainte ou non.

Ces recherches conduiront sûrement en France puisque, dans les Archives nationales de Washington, figure une déclaration de Hildebrand Gurlitt précisant qu’il était actif en France de 1942 à 1944, après que sa collection fut détruite à Hambourg.

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Vue de l’immeuble d’habitation où se situait la cache des 1406 tableaux retrouvés. © Staatsanwaltschaft Augsburg

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