Italie

Une réforme s’impose

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 mai 1995 - 764 mots

Instituts d’art, lycées artistiques, académies des beaux-arts, les uns comme les autres sont inadaptés à la situation actuelle et exigeraient une réforme radicale les libérant d’une conception archaïque. Deux projets de lois sont actuellement à l’étude.

TURIN -  La distinction entre instituts d’art et lycées artistiques est le reflet d’une séparation anachronique et élitiste entre "arts appliqués" et "arts libéraux". Depuis les réformes des années soixante, les instituts d’art nationaux préparent, en deux ans, au baccalauréat d’art appliqué, puis à l’issue d’une année supplémentaire, au diplôme de maître d’art. Ces instituts sont caractérisés par de nombreuses sections spécialisées et par différents laboratoires. L’enseignement dépend généralement de la tradition artisanale des villes où les instituts se trouvent : les spécialisations vont du travail du bois à celui des métaux, de la céramique au marbre, de la peinture à la mosaïque, de l’art du tissu à la décoration, etc.

Aux quarante-deux instituts d’art nationaux, il faut ajouter les quatre instituts supérieurs de perfectionnement, en céramique, dessin industriel et graphisme. On y accède après le secondaire et les études durent quatre ans.

Soixante-trois lycées artistiques ont pour but de préparer l’élève, en quatre ans, à l’entrée dans les académies des beaux-arts et les facultés d’architecture. Les programmes ministériels sont toujours ceux fixés par le décret royal de 1924, et les matières pratiques pâtissent de ces dispositions archaïques qui privilégient une formation académique, avec des cours orientés vers le dessin et le modelé.

Nées au XVIe siècle, les académies des beaux-arts "ont pour but de préparer à l’exercice de l’art grâce à la fréquentation et au travail dans l’atelier d’un maître". Il existe actuellement vingt et une académies nationales et six académies municipales. Elles dispensent des cycles de cours de peinture, de sculpture, de décoration et de mise en scène, d’une durée de quatre ans chacun. Depuis 1923, les académies n’ont pas subi de modifications essentielles, si ce n’est l’introduction des assistants aux côtés des maîtres et la création de cours complémentaires.

En ce qui concerne les cours obligatoires, l’école de peinture prévoit, en plus du cours fondamental, des enseignements d’anatomie artistique, de technique de la gravure et d’histoire de l’art ; pour l’école de sculpture, des cours d’anatomie artistique et d’histoire de l’art ; pour l’école de décoration, des cours de plastique ornementale, d’anatomie artistique, de technique de la gravure et d’histoire de l’art. Les cours complémentaires vont de la théorie de la perception à l’esthétique, de la mise en scène de télévision aux techniques graphiques spéciales, de l’histoire de la critique d’art à l’histoire du théâtre, etc. L’effort pour garantir aux académies un panorama pédagogique plus large, par l’institution de cours complémentaires, est évident et vise à mieux préparer l’élève à une insertion dans le monde du travail.

Mais l’inadaptation des académies au contexte actuel exigerait sans doute une réforme radicale, les libérant d’une conception qui remonte aux années vingt.

Les artistes renommés se sont éloignés de l’enseignement
Le profil de l’enseignant, environ 1 200 dans les vingt et une académies nationales, se ressent de la perte de vitesse de ces institutions. Le "maître" cité par le texte est aujourd’hui un enseignant formé dans les lycées artistiques, dans les instituts d’art et dans les académies elles-mêmes, selon des programmes d’études dépassés.

Dans la plupart des cas, celui-ci exerce une activité artistique qui lui est propre, mais, depuis quinze ans, les artistes renommés se sont progressivement éloignés de l’enseignement. En dehors de la modestie du salaire (2 à 2,5 millions de lires par mois pour un professeur titulaire, soit de 5 600 à 7 000 francs), l’obtention d’une chaire d’académie ne revêt plus aucun caractère prestigieux, comme c’était le cas au siècle dernier.

En ce qui concerne les étudiants (dont le nombre croît, surtout à l’académie de Brera à Milan, où il y a plus de 3 000 inscrits), la sélectivité caractéristique du marché de l’art incite un grand nombre d’entre eux, au moment du choix de leur profession, à se tourner vers l’enseignement, alors que le secteur est déjà surchargé. Certains cherchent des emplois dans d’autres domaines (design, illustration, mise en scène…) sans disposer toujours d’une formation adéquate.

Deux projets de lois sont actuellement en discussion, au moment même où le ministère de l’Ins­truction publique semble vouloir amoindrir le rôle des académies en les assimilant de fait aux instituts d’art et aux lycées artistiques. Enfin, le département Art, Musique et Spectacle, créé à Bologne dans les années soixante-dix, est un cours de licence universitaire théorique, visant non pas la formation d’artistes, de metteurs en scène ou de musiciens, mais l’étude et la lecture critique des langages artistiques.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°14 du 1 mai 1995, avec le titre suivant : Une réforme s’impose

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque