Nouvelles technologies

Quand le marché de l’art s’empare des scanners 5D

Les maisons de ventes ont senti l’utilité de la numérisation en très haute définition pour donner aux acheteurs une vision précise de l’état des œuvres et garantir leur authenticité.

Numérisation par un scanner 5D du Nu endormi à la cheminée de Jean Jansem (2002) proposée par la maison de vente Tajan à ses clients. © Tajan
Numérisation par un scanner 5D du Nu endormi à la cheminée de Jean Jansem (2002) proposée par la maison de vente Tajan à ses clients.
© Tajan

Ventes publiques. À présent, c’est dans le marché de l’art que les appétits numériques se manifestent le plus. Les investissements à hauteur de 4 millions de francs suisses [3,7 M€] d’Invaluable, le principal agrégateur mondial de ventes en ligne dans la start-up Artmyn en 2019, en disent long sur l’intérêt que la numérisation suscite du côté des enchères en ligne. Ils suivent le cours général de l’augmentation du commerce en ligne – un phénomène accentué par la pandémie –, le marché de l’art a enregistré une hausse de 37 % de ses ventes en ligne dans la première moitié de 2020, contre 10 % en 2019.

Une situation nouvelle pour les maisons de ventes aux enchères, foires d’art et galeries qui ont longtemps considéré la numérisation comme un simple outil marketing. La numérisation se fait fort d’apporter des solutions pour deux écueils du marché en ligne : « la transparence et la confiance des acheteurs » pour le PDG d’Invaluable.

Passeport biométrique d’une œuvre

La maison de ventes Tajan, dont 70 % des clients vivent à l’étranger, a été la première dans le monde des enchères à s’équiper d’un scanner 5D, en 2018. En dégageant un « ADN » de l’œuvre d’art mise en vente, la numérisation en 5D, par la précision de ses données (sur le support, les repeints, etc.), offre encore plus de garanties pour l’acheteur sur l’état de conservation de l’œuvre et sur son authenticité, alors qu’un nombre incalculable de copies et de fausses attributions circulent sur le marché de l’art. La sécurisation des données de l’œuvre numérisée se fait, elle, via une empreinte digitale numérique qui rend l’original impossible à falsifier, tandis que la technologie de chaîne de blocs associée (ou « Blockchain », une technologie de registre distribué permettant à des parties multiples de procéder à des transactions sécurisées appliquée à l’art par des entreprises comme Verisart ou Artory) apporte une garantie supplémentaire à l’acheteur en matière de provenance. On parle même de « passeport biométrique » d’une œuvre.

D’autres prestataires actifs sur le marché de l’art pourraient bénéficier de ces développements : les compagnies d’assurance, mais aussi les ports francs. L’utilisation du scanner 5D installé aux ports francs de Genève en 2019 pour maîtriser le suivi des objets stockés dans les locaux et limiter la fraude est néanmoins encore à relativiser. Dans une interview au quotidien 24 Heures, son directeur général reconnaît avant tout l’effet dissuasif du procédé, car il s’agit « d’inciter à faire sortir les pièces qui pourraient s’avérer litigieuses et de dissuader ceux ayant quelque chose à cacher de les déposer ici ».

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°558 du 8 janvier 2021, avec le titre suivant : Quand le marché de l’art s’empare des scanners 5D

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