Les candidats préférés des Français pour la culture

France. L’appréciation par les Français de la dimension culturelle des candidats à l’élection présidentielle ne reflète pas nécessairement leur poids dans les intentions de vote. C’est l’un des enseignements du sondage exclusif Viavoice-Communic’Art réalisé début février pour Le Journal des Arts. Car si Emmanuel Macron (La République en marche), en tête selon les derniers sondages, apparaît comme le mieux à même de développer une politique culturelle ambitieuse, la hiérarchie des autres candidats est bousculée. À commencer par son challengeur ou plutôt sa challengeuse pour le second tour qui pourrait être Valérie Pécresse. La candidate LR (Les Républicains), avec 17 % de réponses favorables, semble bénéficier de son action culturelle à la présidence de la Région Île-de-France et de son appel à faire entrer Molière au Panthéon.

La gauche, qui incarnait traditionnellement plus que la droite la Culture, profite de cette persistance rétinienne pour faire « remonter » des candidats à la peine dans les sondages. C’est ainsi que Christiane Taubira se place à la troisième place avec 13 % de jugements favorables (lire l’explication du sociologue Arnaud Zegierman). Anne Hidalgo (Parti socialiste), en lutte avec la même Taubira pour tenter d’atteindre les 5 % d’intentions de vote, est même créditée de 11 % de jugements favorables.

Les répondants ont cependant bien du mal à se représenter spontanément ce qu’est une politique culturelle et quels sont les actions et programmes de ses composantes (rayonnement, patrimoine, démocratisation…). En témoignent les notes relativement similaires pour ces composantes, et ce pour chacun des candidats. Çà et là des nuances se font jour. Ainsi, Emmanuel Macron est crédité de 3 points de plus pour le patrimoine (la Mission Stéphane Bern, la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris) que pour la démocratisation culturelle. À l’inverse, Christiane Taubira et Anne Hidalgo sont moins bien notées sur le patrimoine. Cet embarras des Français se ressent également quand on leur demande le point de départ (président de la République ? ministre de la Culture ? parti ?) de la politique culturelle : 29 % ne savent pas répondre à la question. Ceux qui ont un point de vue remettent en cause une opinion répandue selon laquelle c’est le président de la République qui impulse la politique culturelle.

Le sondage démontre enfin une nouvelle fois la prise de distance croissante des Français à l’égard des partis politiques. 28 % d’entre eux affirment ne se sentir proches d’aucun parti. Il revient aux candidats, pour la culture comme pour les autres domaines, de faire leur aggiornamento et de travailler leurs propositions en continu sans attendre les échéances présidentielles.