Politique culturelle

ENTRETIEN

François Blanc : « Les propositions catégorielles, il en faut. Mais point trop n’en faut »

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 17 février 2022 - 489 mots

Fondateur et directeur de l’agence de conseil en communication Communic’Art

François Blanc. © Eric Garault
François Blanc.
© Eric Garault
À l’heure du Covid-19, de la crise en Ukraine et du pouvoir d’achat des ménages, conseilleriez-vous à un candidat à la présidentielle de prendre la parole dans le domaine culturel ?

Ignorer la culture, au prétexte qu’elle n’est pas citée parmi les préoccupations des Français interrogés dans les enquêtes d’opinion, est une faute éliminatoire. En France, la présidentielle impose à chaque candidat de donner à voir ce qu’il sera. Le rapport aux œuvres, aux livres, à la musique ainsi que le lien aux artistes expriment la vérité d’un homme ou d’une femme. Toute la difficulté est de choisir les bons mots, et surtout les bons gestes.

Comment techniquement attirer l’attention des médias sur une telle annonce ?

Que ce soit par un post sur Instagram ou dans une interview télévisée, la culture est affaire de symbole et il faut une cohérence entre ce symbole et le candidat qui l’évoque. Flaubert, Mozart et Renoir, Houellebecq et Orelsan, tout est permis à condition d’être sincère – ou de sembler l’être.

La communication à destination des professionnels des industries créatives et culturelles doit cibler des médias spécialisés, et, du côté des électeurs, une écoute d’expert. Cela compte et permet aussi d’afficher des soutiens d’élite ou populaires. À l’heure de la « cancel culture » et des manipulations de l’opinion sur les questions d’identité culturelle, l’essentiel, pendant et après l’élection, est d’échanger en permanence avec les citoyens.

Il y a un relatif consensus sur la culture en France. Dans quel domaine (patrimoine, spectacle vivant, démocratisation culturelle..) une telle annonce pourrait-elle « imprimer » dans l’opinion ?

Il n’y a pas moins consensuel que la culture : certains voient les artistes comme des assistés, d’autres les portent au pinacle. Pour certains, ce qui fait divertissement n’est pas culture ; pour d’autres, la culture paraît inaccessible. Au nom de l’intérêt général, il faut aujourd’hui batailler pour que la révolution numérique permette une révolution de l’accès aux arts et à la culture. La vraie audace, c’est aujourd’hui le Pass culture (adopté aussi en Espagne). Moins spectaculaire que la Bibliothèque nationale François-Mitterrand ou que le Musée du quai Branly-Jacques Chirac, ce sera un legs autrement plus important pour les générations futures qu’Emmanuel Macron pourrait laisser au pays dans ce domaine. Autant le faire savoir en le revendiquant fortement quand il sera en campagne. Les propositions catégorielles, il en faut. Mais point trop n’en faut.

Les comités de soutien comprenant des artistes semblent avoir disparu. Comment l’expliquez-vous ? Le conseilleriez-vous à un candidat ?

Il est utile, pour un électeur, de savoir qui soutient qui. Mais l’arme est à double tranchant. La sympathie du rappeur Maître Gims est devenue encombrante pour Valérie Pécresse… C’est le cas aussi pour les artistes, car le soutien à un politique est une prise de risque sujette aux variations de l’opinion et donc du public. À l’ère des réseaux sociaux et de leurs emballements, la prudence règne.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°583 du 18 février 2022, avec le titre suivant : François Blanc, fondateur et directeur de l’agence de conseil en communication Communic’art : « Les propositions catégorielles, il en faut. Mais point trop n’en faut »

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