7 statues antiques représentant le massacre des enfants de Niobé découvertes dans le Latium

Par Romain Bouvet · lejournaldesarts.fr

Le 11 janvier 2013 - 496 mots

CIAMPINO (ITALIE) [11.01.13] – Des archéologues italiens viennent de mettre au jour un ensemble statuaire représentant l’épisode mythologique du massacre des enfants de Niobé à l’emplacement où se dressait l’antique villa du mécène d’Ovide.

Les fouilles préventives réalisées avant le début des travaux immobiliers à Ciampino (à quelques kilomètres de Rome) par le département des antiquités du Latium viennent de mettre à jour un ensemble statuaire inédit de la période augustéenne.

7 statues de grandes dimensions et plusieurs fragments de mosaïques qui décoraient vraisemblablement un bassin ont été découvertes, sur l’emplacement - désormais confirmé par l’inscription « Valerii Massallae » - de la villa de Marcus Valérius Messala Corvinus. Partisan de Marc-Antoine qu’il abandonna au profit d’Octave, ce consul est resté dans l’histoire pour le rôle qu’il joua dans la bataille d’Actium (31 av. J.C.). Parallèlement à sa carrière militaire, ce haut dignitaire romain fut également protecteur et mécène de quelques grands poètes de son temps, tels que Tibulle, Sulpicia ou encore Ovide.

Les statues découvertes semblent d’ailleurs attester du lien entre ce dernier et Marcus Valérius. Selon les archéologues italiens, les sculptures représentent en effet le mythe de Niobé et des Niobéides repris par Ovide dans ses écrits.

Le Livre VI des Métamorphoses raconte l’histoire de Niobé, reine de Thèbes et fille de Tantale qui, aveuglée par l’orgueil qu’elle tire de sa condition et de sa fertilité osa se comparer à la déesse Léto et refusa de lui rendre hommage. La déesse courroucée aurait alors envoyé en représailles ses enfants Apollon et Artémis qui, flèche après flèche, tuèrent les 7 fils puis les 7 filles de Niobé.

Selon Alessandro Betori membre du département des antiquités « Les sculptures offrent de nouveaux indices sur l'iconographie de Niobé ». Les chercheurs ont en effet été intrigués par un couple de statues représentant deux des fils de Niobé qui observent le massacre de leurs frères sans intervenir. Cette représentation semble être sans précédent et pourrait traduire un épisode ou une version du mythe qui n’est pas parvenue jusqu’à nous.

Une dernière question vient à l’esprit. Est-ce le poème d’Ovide qui inspira la création de ces sculptures, ou les statues qui inspirèrent au poète le mythe ? On sait que Marcus Valérius avait constitué une sorte de « salon littéraire » où il recevait ses protégés. Convié chez son mécène, Ovide put peut-être y admirer les sculptures qui se dressaient à l’époque aux angles du bassin et sur un socle dressé en son centre. Il faudrait pour cela que les statues soient antérieures à l’an 8 de notre ère, date à laquelle le poète fut contraint à l’exil – pour des raisons toujours mystérieuses – par l’empereur, et ne fut jamais autorisé à revenir à Rome.

« Avant de pencher pour une hypothèse ou pour l'autre, nous devons procéder à une datation précise des statues découvertes, mais c'est un travail de longue haleine » a déclaré à ce sujet Elena Calandra, responsable du département des biens archéologiques du Latium.

Légende photo

Jacques-Louis David (1748-1825) - Diane et Apollon perçant de leurs flèches les enfants de Niobé (1772) - Huile sur toile - 121 cm x 154 cm - Photo Wikipedia

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