Justice

Tentative de vol au musée du quai Branly : 1 000 euros d'amende requis contre le principal prévenu

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 1 octobre 2020 - 527 mots

PARIS

Mille euros d'amende ont été requis mercredi contre l'activiste congolais Emery Mwazulu Diyabanza jugé avec quatre autres personnes devant le tribunal de Paris après avoir tenté de s'emparer d'un poteau funéraire au Musée du quai Branly en juin dernier.

Le plateau des Collections du musée du quai Branly. © Photo Nicolas Borel/musée du quai Branly - Jacques Chirac
Le plateau des Collections du musée du quai Branly.
© Photo Nicolas Borel /musée du quai Branly - Jacques Chirac

Des amendes de 500 euros avec sursis ont été réclamées par le ministère public à l'encontre des quatre autres militants pan-africains qui voulaient par leur geste dénoncer "le pillage de l'Afrique" par les anciennes puissances coloniales. Le jugement sera rendu le 14 octobre.

Poursuivis pour "tentative de vol en réunion d'un objet mobilier classé", les cinq militants risquaient une peine de dix ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende mais la procureure a insisté pour une peine "de principe et d'apaisement".

L'apaisement aura été au centre des préoccupations de tous les acteurs de ce procès. Alors que les cinq prévenus se sont présentés à l'audience accompagnés par plusieurs dizaines de militants (dans une salle qui ne pouvait accueillir que 25 personnes en raison des contraintes sanitaires), des mouvements d'humeur et quelques cris ont failli mettre fin au procès avant même son commencement. A la demande du président du tribunal, Emery Mwazulu Diyabanza a réussi à calmer ses partisans et le procès a pu reprendre dans le calme.

D'emblée, le président a tenu à distinguer le procès de quatre hommes et une femme accusés de tentative de vol en réunion et "le procès du colonialisme". "Je suis d'une génération qui n'a aucune difficulté avec ça. Mais c'est un autre procès. Un procès citoyen. Nous sommes ici pour juger une infraction, pas pour juger l'Histoire", a souligné le président.

L'affaire remonte au 12 juin. Les cinq militants renvoyés devant le tribunal s'étaient emparés d'un poteau funéraire Sara (Tchad) du XIXe siècle en l'arrachant de son socle au musée du quai Branly. Emery Mwazulu Diyabanza avait pris l'objet dans ses bras en criant: "On les ramène à la maison". Les cinq militants n'étaient pas sortis du musée et l'objet a pu finalement être remis aux gardiens.

"C'était une action parfaitement pacifique", ont soutenu les prévenus. "Nous l'avons voulue spectaculaire pour alerter l'opinion", ont-ils dit. "C'était un geste politique", a insisté le principal prévenu. Pour Emery Mwazulu Diyabanza et ses camarades, la question centrale qui a motivé leur geste est l'épineuse question de la restitution des objets d'art volés pendant la colonisation en Afrique et exposés dans les musées français.

Sous l'impulsion d'Emmanuel Macron, la France s'est engagée à rendre définitivement dans les prochains mois un sabre historique au Sénégal et 26 objets pillés par des troupes coloniales françaises en 1892 au Bénin. Mais pour les prévenus et leurs avocats c'est à la fois trop peu et trop long.

L'avocat Hakim Chergui a estimé à 116 000 le nombre de biens considérés comme spoliés aux Africains dans les musées français. "Mes clients n'ont pas commis un vol, ils ont interrompu un recel", a-t-il dit.

Certes, a reconnu l'avocat du musée du quai Branly, "le débat est ouvert sur la restitution" des biens spoliés mais le geste des cinq prévenus risque d'être "contre-productif" en portant atteinte aux discussions en cours avec "plusieurs Etats africains".

Cet article a été publié par l'AFP le 30 septembre 2020.

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