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Jordi Mercader Miró, président de la Fondation Dalí : « Dalí était visionnaire »

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 4 juillet 2019 - 482 mots

Jordi Mercader Miró (76 ans) préside la Fondation Dalí depuis 2017. Ce docteur-ingénieur, titulaire d’un MBA en gestion d’entreprise, a présidé de nombreuses entreprises privées et publiques, parmi lesquelles l’Institut national de l’industrie. Il est aujourd’hui président de Miquel y Costas, une des fabriques de papier les plus importantes en Espagne.

Comment expliquer l’intérêt que suscite toujours autant Dalí en Espagne et dans le monde ?

Il y a de nombreuses raisons qui peuvent expliquer l’intérêt pour Dalí, mais il y en a deux qui se distinguent, en plus de la qualité de son art. La première est la nature globale de sa pensée dans sa manière de peindre, d’écrire et de vivre. À l’heure de l’ultra-spécialisation, Dalí est un généraliste. Il s’intéresse à tout et aborde chaque sujet avec une dimension et une intelligence inhabituelles. La seconde est son sens de l’anticipation, qui l’amène à mettre l’accent sur ce qu’il pense être important dans l’avenir : la physique quantique, la communication liée à la culture de masse, les mathématiques avancées, le nombre d’or. Il s’intéresse à l’acide ribonucléique, anticipant l’ADN. Et il imagine l’immortalité comme une expérience concevable.

Quelle image a-t-il auprès des jeunes Espagnols ?

Une image réduite et un peu floue, difficile à expliquer intellectuellement, en tout cas frivole et émotionnelle. Si cette image nous interroge, je pense qu’elle n’aurait pas dérangé Dalí.

Comment expliquer, cependant, la baisse de fréquentation depuis 2013 ?

Si vous vous référez au Théâtre-Musée Dalí, il y a des raisons circonstancielles liées aux différentes origines des visiteurs étrangers – français, russes, chinois, italiens –, et aussi des raisons internes telles que la crise politique en Catalogne du second semestre 2017 jusqu’à mi-2018. À présent, nous sommes très satisfaits des chiffres du premier trimestre de 2019, car ils montrent une nette reprise des visites, de plus de 6 %.

Quels sont les liens entre la Fondation et le Dalí Museum aux États-Unis ou l’Espace Dalí à Paris ?

Nous entretenons d’excellentes relations avec le Musée Dalí de Saint-Pétersbourg [en Floride]. Nous participons très souvent à des expositions communes et nous avons une collaboration vertueuse avec eux pour la recherche, le développement du travail et la connaissance de Salvador Dalí. Avec l’Espace Dalí de Paris, nous n’avons aucune relation.

Quelle fondation d’artiste vous ressemble le plus dans le monde ?

Nous entretenons des relations avec des fondations à l’échelle mondiale, car nous avons des défis similaires. Entre autres, avec la Fondation Van Gogh, le Musée Rodin et la Fondation Giacometti, qui sont des musées d’artiste, comme nous.

Quel est le budget d’acquisition annuel moyen ?

Dans le budget annuel, le poste des acquisitions est de l’ordre de 1,5 million d’euros, montant qui peut varier selon les années. L’approche est flexible afin de pouvoir agir si une œuvre particulièrement intéressante nous est proposée. Les ressources de la Fondation nous permettent d’augmenter considérablement ce chiffre lorsque cela est nécessaire.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°527 du 5 juillet 2019, avec le titre suivant : Jordi Mercader Miró, président de la Fondation Dalí : « Dalí était visionnaire »

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