Royaume-Uni - Restitutions

Des internautes réclament au British Museum la restitution d’une statue moaï

Par Marion Krauze · lejournaldesarts.fr

Le 20 février 2024 - 518 mots

LONDRES / ANGLETERRE

L’Instagram du musée est inondé de messages demandant le retour d’une statue de l’Île de Pâques, volée il y a plus de 150 ans.

Les réseaux sociaux du British Museum sont assaillis depuis quelques semaines par les internautes chiliens. Ils réclament la restitution d’un moaï nommé Hoa Hakananai'a – qui signifie fort à propos « ami volé » –dérobé sur l’Île de Pâques par un navigateur anglais en 1868 et aujourd’hui exposé de manière permanente au musée. Face à cette déferlante de messages, le British Museum a été contraint un temps de fermer l’espace commentaires sous plusieurs de ses récentes publications Instagram.

Cette campagne en ligne, qui cible le compte Instagram mais aussi les pages YouTube et Facebook du musée, a été lancée fin janvier par l’influenceur haïtien Mike Milfort, basé à Santiago. Ce dernier a enjoint le million de personnes qui le suivent à se mobiliser pour que le monolithe millénaire puisse être restitué à sa patrie d’origine. Le président chilien Gabriel Boric s’est lui-même rallié au mouvement, exprimant son soutien à la cause lors d’une interview accordée à Radio Chiloé et rapportée par El País.

Cette prise de parole publique a toutefois été critiquée par Pedro Edmunds Paoa, le maire de l’Île de Pâques, qui estime que le président « ne devrait pas politiser quelque chose de si important sur les plans spirituel et culturel pour les Rapa Nui », comme le rapporte The Guardian. Il craint également que l’initiative de Mike Milfort, qu’il considère plus motivée par l’autopromotion que par un réel intérêt porté aux statues, ne réduise les moaï à un simple mème internet et décrédibilise ainsi un combat mené depuis plusieurs années.

Suite à cet afflux de commentaires sur les réseaux sociaux, le porte-parole du British Museum a déclaré au Daily Mail que le musée accueillait favorablement le débat, mais que ce dernier devait être « mis en balance avec la nécessité de considérations de sauvegarde ».

Le territoire chilien de Rapa Nui, également appelé Île de Pâques, est réputé pour ses centaines de statues moaï, érigées entre 1300 et 1650 après J.-C. Ces imposantes sculptures de pierre contiendraient des esprits ancestraux. Le moaï Hoa Hakananai'a revêt une importante particulière pour Rapa Nui, étant l’une des rares statues a avoir été sculptée dans du basalte fin plutôt que dans de la roche volcanique. La statue de plus de deux mètres de haut, qui arbore des pétroglyphes dans le dos, était à l’origine située dans une maison sacrée du village d’Orongo, devenu site archéologique. En 1868, le navigateur anglais Richard Powell l’embarque et l’offre à la reine Victoria, avec un deuxième moaï plus petit nommé Hava. La reine fit ensuite don des deux statues au British Museum en 1869.

Cela fait plusieurs années que les Rapa Nui réclament le rapatriement des deux moaï dans leur village ancestral d’origine. En 2018, ils avaient déjà formulé une demande écrite au British Museum pour demander leur retour. Une rencontre entre les représentants de l’île et le musée avait alors été organisée. En 2023, le conseil des anciens de l’île a réitéré la demande en écrivant directement au roi Charles III, lettre qui est restée sans réponse.

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